Le 8 mars n’est pas la fête des femmes. C’est une journée de manifestation pour l’égalité des droits des hommes et des femmes. Une journée pour attirer l’attention sur la situation des femmes, sur la lutte à laquelle elles font face au quotidien pour le respect de leurs droits
A Madagascar, une femme sur trois est victime de violence, une adolescente sur deux se marie avant l’âge de 18 ans et on laisse peu de place aux femmes dans la prise de décision et des postes de responsabilité.
Le thème de la journée mondiale de la Femme, cette année était : « Pour la jouissance et l’exercice des droits de la femme, soyons tous responsables ». L’occasion de mettre en exergue l’apport des femmes pour le développement du pays si on en leur donne la possibilité. Tout au moins par la mise en place d’outils juridiques qui mettront fin aux facteurs les empêchant de s’impliquer dans la politique et la vie socio-économique du pays. En Afrique, la place de la femme dans l’économie se résume aux activités agricoles (dans les champs) et aux petits commerces. A Madagascar, d’après la FAO, les femmes représentent 40 % de la main d’œuvre agricole. Pourtant les capacités et connaissances de la femme peuvent être utilisées à bon escient pour le développement de sa famille et de son pays. A Ambilobe l’où s’est tenue la célébration de la journée internationale de la femme, les actions des femmes ont été exposées. L’impact de leur participation dans les entreprises qu’elles dirigent ou dans lesquelles elles sont employées est considérable. A titre d’exemple, LGA (Les Gambas de l’Ankarana) OSO farming, société en plein développement et une des plus performantes du nord de Madagascar. Plus de 40% de ses employés sont des femmes. Celles-ci travaillent en usine et dans l’administration de la société. La production atteint plus de 1 000 tonnes par an, exportée en Europe et au Japon. La représentante d’ONUDI à Madagascar, Maité Niel, dans son discours, lors de la célébration du système des Nations Unies de la journée internationale de la femme à Antananarivo a exhorté « dans l'économie mondiale, les hommes occupent toujours l'immense majorité des directions des grandes entreprises. Les femmes gagnent quelques places mais ne doit pas se suffire à des secteurs marketing et des petits commerces. Elles doivent aller conquérir également et surtout les secteurs productifs "l'industrie" ». Cette conquête débute certes par la volonté des femmes, mais elle est à soutenir par un budget qui prend en compte l’égalité de genre, un règlement qui souligne un quota quant aux postes de responsabilité, une éducation qui met fin aux préjugés sur les capacités des femmes.
Les femmes à Ambilobe
115 associations, entreprises et partis politiques ont participé à la marche à travers la ville d’Ambilobe.
115 associations, entreprises et partis politiques ont participé à la marche à travers la ville d’Ambilobe. Les près de 1 600 femmes d’Ambanja étaient les plus nombreuses à se déplacer à Ambilobe. La série de discours s’est tenue devant le bâtiment du district. Le chef de la région DIANA, le vice-président de l’Assemblée Nationale pour la province d’Antsiranana, Freddie Mahazoasy, ainsi que des députés des districts de la DIANA se sont rendus sur place pour marquer l’événement. Dans son discours, Freddie Mahazoasy a déclaré qu’il faut développer le pays pour que les femmes puissent s’épanouir. Il a martelé que pour que cela puisse se faire, il est nécessaire de trouver des partenaires pour soutenir les grands projets des élus. Le chef de région a quant à lui attiré l’attention sur le fait que toute revendication de droit implique une prise de responsabilité « le pays a besoin de femmes sages et responsables ».
Comme à Antsiranana, les bars d’Ambilobe étaient remplis avec la musique à fond. C’était l’occasion pour les femmes de faire la fête et de s’amuser. Une habitante du quartier Antafiakasaka soutient que telle est la situation chaque année : « les femmes vont au bal et au disco ». Du point de vue des droits de la femme, elle remarque que les cas de violences conjugales sont de plus en plus rares dans son quartier. « Les femmes prennent l’habitude de dénoncer les conjoints violents aux forces de l’ordre. Toutefois, il n’y a pas d’interventions dans les relations des autres couples même s’il y a de la violence. On considère que ce sont leurs affaires » ajoute-t-elle. Soavanona habitante d’Ampasimatinantsaka, commune rurale d’Ambatoharanana quant à elle raconte que dans son village, les femmes doivent obéissance à leurs époux surtout lorsqu’il s’agit de décisions relatives aux activités génératrices de revenus. L’éducation des enfants incombe quasi entièrement à la femme. Elle souligne toutefois que la relation entre l’homme et la femme relève plutôt du respect que de la subordination.
■ V.M