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Volazara Somaya, institutrice en classes préparatoires à l’école primaire publique, EPP Lally Tollendal à Antsiranana
Volazara Somaya, institutrice en classes préparatoires à l’école primaire publique, EPP Lally Tollendal à Antsiranana

Les diplômés, bien qu’ils respectent leurs enseignants à l’université ont toujours une pensée particulière pour leurs premières institutrices ou instituteurs. L’alphabet, les premières connaissances et la discipline quand on vit en société, ont été acquis auprès d’eux. Volazara Somaya est institutrice, elle nous parle de cette profession qu’elle exerce depuis maintenant six ans

Volazara Somaya enseigne en classes préparatoires à l’école primaire publique, EPP, Lally Tollendal. Elle est entrée dans cette profession à l’âge de 21 ans et en est actuellement à sa sixième année de fonction. Elle affectionne son travail et si l’on considère qu’enseigner en classes secondaires serait pour elle une évolution, elle n’y attache pas beaucoup d’importance. Somaya ne compte pas quitter l’école primaire d’autant plus que son travail fait la fierté de ses deux enfants. Pourtant, ses responsabilités pédagogiques l’accompagnent jusqu’à son foyer : cahiers de devoir, fiches de préparation… Chaque jour, elle quitte très tôt son foyer pour arriver à 7h à l’EPP. Les écoliers arrivent à 7h30, ce qui lui donne le temps de se préparer, d’assurer que les outils sont complets et de se rendre compte d’éventuelle organisation avec les collègues (absences ou autres). Elle rentre chez elle à 11h et retourne à l’école à 14h pour deux heures et demi de cours. Somaya suit de près l’instruction de ses enfants « je n’aime pas entendre dire que les enfants de telle ou telle institutrice sont mauvais à l’école » précise-t-elle.
Même si bon nombre de ses collègues se retrouvent instituteurs par dépit, Somaya a choisi l’enseignement, surtout des tout petits, par passion. « J’aime mon travail. Avec les enfants, je ne me prends pas la tête. La connaissance, je la transmets par les jeux, les amusements. Il est plus facile, par rapport aux plus grands, de cerner leurs difficultés » soutient-elle. Les désaccords les plus fréquents qu’elle a avec les écoliers se résument aux bavardages et déplacements dans la salle de classe « il est difficile de les tenir en place. Ils se déplacent… ils lèvent souvent la main pour rapporter » raconte-t-elle avec le sourire. Ses élèves ont en moyenne six ans. Ils sont trente neuf dans sa classe et elle parvient à suivre l’évolution scolaire de chaque enfant. Elle se heurte souvent à des problèmes qui impliquent les parents et les proches. Somaya explique « les difficultés scolaires que rencontrent les enfants proviennent souvent de leur environnement familial : les disputes, l’alcoolisme de l’un ou des parents, les problèmes d’argent… » Lorsque le dialogue avec l’enfant ne suffit pas, la discussion avec les parents s’impose, voire même la conscientisation sur leur devoir. Cette dernière a lieu lors des réunions avec les parents chaque trimestre.
Les parents qui pensent que les enseignants peuvent se substituer à eux dans l’éducation de leurs enfants sont nombreux. « Beaucoup de parents négligent l’éducation des enfants, ils les envoient à l’école et c’est tout. Il n’y a aucun suivi, aucune prise de responsabilité. Cela se constate dès la signature des cahiers (que certains ne font pas) aux absences inexpliquées des enfants ». L’institutrice se retrouve également face à des parents qui protègent inconditionnellement leurs enfants. Sans connaître le fond du problème, ils vont jusqu’à culpabiliser l’enseignante. Somaya explique que cela a un impact sur son autorité envers les enfants « on ne peut plus rien faire faire à un enfant qui considère que vous vous êtes faite grondée par ses parents ». Elle avance que la discipline et le respect ne se gagnent que par cette autorité. Autorité qu’elle installe au fil des mois, soit depuis le début de l’année scolaire. « Les enfants ont besoin d’affection et d’autorité. L’une sans l’autre équivaut à un handicap, un obstacle pour le transfert des connaissances».
A Madagascar, l’on déplore que la situation des instituteurs de l’enseignement public se dégrade d’année en année, que leur contribution dans la constitution d’une personnalité et dans la formation de dirigeants ne soit pas reconnues à leur juste valeur. Il a fallu lutter (grèves et insistances auprès du ministère) pour que des enseignants tels que Volazara Somaya obtienne le statut d’agents contractuels de l’État au début de l’année 2015. Auparavant, elle était enseignante communautaire, donc salariée de l’association des parents d’élèves et subventionnée par l’État.

■ V.M

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