La cérémonie de la commémoration s’est tenue devant la stèle érigée à la mémoire des quatre soldats japonais tués à Antsiranana lors de la deuxième guerre mondiale
Une délégation d’une dizaine de personnes dont des représentants de l’ambassade du Japon à Madagascar ainsi que l’équipe de la commémoration des âmes des défunts de la guerre était à Antsiranana le 9 juillet pour une cérémonie de prière aux âmes des soldats japonais morts à Madagascar
La cérémonie s’est tenue devant l’épitaphe construit en la mémoire des quatre soldats japonais tués à Antsiranana lors de la deuxième guerre mondiale, plus précisément en 1942. Avant la prière, un rite de purification du terrain, kiyomeharaishiki, célébrant l’achèvement de la restauration du monument a été réalisé par l’équipe de la commémoration. S’en sont suivis la purification du lieu de la cérémonie avant l’accueil des âmes des soldats morts, la présentation des offrandes, la récitation du texte de prière, les remerciements aux âmes des soldats morts, la présentation d’une pièce de kagura qui est une danse de culte shintô, la lecture du dernier poème du lieutenant-colonel Akieda ainsi que d’un waka (poème traditionnel japonais). Les participants ont ensuite prié devant l’autel. Le Gagaku (ancienne musique de cour japonaise) a été interprété durant l’exécution de la plupart des rites comme pour le retrait des offrandes et le départ des âmes des soldats.
La cérémonie était dirigée par des prêtres shintoïstes et les musiciens de l’équipe de la commémoration des âmes des défunts de guerre, venus à Madagascar pour l’occasion. Les autorités locales en la personne du directeur de cabinet de la Région DIANA, Boba Antoine, de la vice-PDS, Be Tatienne, du commandant de la base navale, le capitaine de vaisseau Vaohavy Andriambelonarivo Andasy et le directeur du centre hospitalier Place kabary, le Dr Honorat Pascal, ont participé à cette cérémonie de prière. Dans son discours présenté à la fin de la cérémonie, Tomoyuki Ono, premier secrétaire de l’Ambassade du Japon à Madagascar a soutenu que les quatre braves des sous-marins de poche japonais qui reposent à Diego Suarez est le fondement du lien amical entre les deux pays. Il affirme par ailleurs « aujourd’hui, les relations nippo-malgaches continuent à s’élargir et s’approfondir dans divers domaines tels que l’économie ou la culture » et que l’Ambassade du Japon à Madagascar s’engage à œuvrer pour l’affermissement de ces échanges d’amitié entre les deux pays ainsi qu’entre leurs peuples. Le monument construit en 1997 dans l’enceinte de l’hôpital be, face à la mer, a été restauré. Les participants à la cérémonie de prière, japonais et malgaches, ont découvert l’endroit, dans son nouvel état le 9 juillet.
L’attaque des sous-marins de poche japonais de mai 1942
Dans leur écrit intitulé « Sensuikan ! Midget submarines at Diego Suarez Madagascar 1942 », les deux historiens militaires et chercheurs Robert Hackett et Sander Kingsepp retracent la chronologie de l’attaque japonaise par les sous-marins de poche, du 11 décembre 1941 au 9 juin 1942. Par une reconnaissance aérienne, les Japonais ont identifié les navires présents au port et dans la baie de Diego Suarez. Dans la nuit du 30 mai 1942, deux sous-marins de poche étaient lancés par les sous-marins japonais. Ils avaient à leur bord, le lieutenant de vaisseau Katsusuke Iwase et le maître principal Kouzo Takada dans le premier sous-marin de poche et le lieutenant Saburo Akieda (Capitaine de Frégate) et l’enseigne deuxième classe Masami Takemoto dans le second. Le sous-marin de poche commandé par le lieutenant Akieda a pu pénétrer dans le port et a torpillé à 20h25 mn le bâtiment de guerre britannique HMS Ramillies. Une deuxième torpille lancée à 21h20 mn atteint la salle des machines du tanker « British Loyalty » et le fait couler. Le 31 mai 1942, Saburo Akieda et Takemoto parvinrent à joindre la terre ferme, à Nosy Antalikely. Les deux hommes se mirent en marche afin de rejoindre la zone où ils devaient être récupérés par le sous-marin I-20. Akiedo et Takemoto passèrent par Anjiabe où ils s’approvisionnèrent en nourriture, lieu à partir duquel leur signalement aux Britanniques a été donné. Le 2 juin, ils sont interceptés par les Royal Marines commando n°5 dans la baie d’Ampokarana. Pendant la fusillade, les deux Japonais et un marine britannique ont été tués. Le même jour, le corps d’un marin japonais, non identifié est retrouvé sur une plage de Diego Suarez. Le corps est présumé être soit celui de Iwase soit de Takado de l’autre sous-marin de poche qui n’a jamais été retrouvé. Le 3 juin après des tentatives infructueuses d’établir le contact avec les deux sous-marins de poche, le sous-marin I-20 quitte la zone. En 1972, un monument a été érigé sur le lieu où les deux hommes ont péri. Une plaque a été placée sur le même lieu en 1976 portant l’inscription « Ici sont morts les deux braves marins japonais le 3 juin 1942 ». Les monuments sont construits dans le but « d’apaiser les esprits révérés dans les mémoires de ces quatre braves marins, de cimenter d’éternelles relations cordiales et amicales avec la République de Madagascar et d’œuvrer pour la paix dans le monde… ». Ce 9 juillet 2015 et à l’occasion du soixante dixième anniversaire de la fin de la guerre, dans son discours, Kunio Aota, représentant des volontaires de l’équipe de la commémoration des âmes des défunts de la guerre à Madagascar, a soutenu qu’il y a eu très peu d’occasions de remercier les âmes des morts de la guerre. les volontaires du département Yamaguchi sont à Diego Suarez pour « exécuter la cérémonie pour les âmes des défunts des guerres du monde entier et de prier pour prier pour la véritable paix universelle ». Après la cérémonie de prière, la délégation s’est recueillie au cimetière commonwealth puis au cimetière français de Diego Suarez.
Un mausolée recouvre dorénavant le monument aux morts situé à la Pointe du Corail (derrière l’Hopital Be)
■ V.M