13 listes de candidats seront soumises aux électeurs le 31 juillet pour qu’ils choisissent l’équipe qui dirigera la ville de Diego Suarez pendant les prochaines années.
Jamais, une élection communale n’a reçu autant de soutien et participation actifs d’anciens chefs d’Etat. Les ministres, députés et directeurs de ministères prennent part à la campagne et soutiennent publiquement les candidats de mêmes partis qu’eux
Les 21 et 22 juillet, Marc Ravalomanana était en tournée dans le nord de Madagascar pour coacher les candidats du parti Tiako i Madagasikara. Le lendemain, le ministre d’Etat chargé des Projets Présidentiels, de l'Aménagement du Territoire et de I'Equipement, Rivo Rakotovao apportait son soutien aux candidats du parti HVM (Hery Vaovaon’i Madagasikara), dont il est le président national. La visite d’Andry Rajoelina à Diego Suarez est annoncée pour les prochains jours. D’ailleurs, l’ancien chef de la transition, comme l’ancien Président de la République, Marc Ravalomanana, fait un tour de Madagascar pour pousser les candidats.
A Antsiranana, chaque candidat à sa stratégie et la différence au niveau de la disponibilité des ressources financières se fait sentir dès le début de la campagne électorale. Chacun, par sa personnalité, les animations et discours tenus durant les meetings dore son image devant les électeurs. Quelques exemples :
Johary Hossen Alibay: la campagne électorale, un droit de réponse
« Ceux qui disent que rien n’a été fait durant mon mandat sont aveugles » dit l’ancien maire de la ville d’Antsiranana face à des centaines de partisans réunis dans son quartier général, rue Justin Bezara, le 16 juillet. Johary Houssen Alibay admet qu’il reste à faire et qu’il se présente à nouveau pour réaliser ce qui n’a pas pu être réalisé. Il précise que son mandat a été réalisé durant une période critique où le financement faisait défaut. Le candidat du ZMT (Zaho Mba Tompony) affirme qu’il a été secoué de la mairie car il n’était pas issu de parti politique.
Djaotoly Ghislaine : tout dans l’engagement et la passion
Djaotoly Ghislaine, la seule candidate femme dans la commune urbaine d’Antsiranana a débuté la campagne électorale avec un long cortège de pousse-pousse, de taxis-moto et de voitures. Ses activités économiques semblent représenter l’atout principal de la candidate car au problème des ordures urbaines, Djaotoly Ghislaine affirme que la société qu’elle dirige peut assurer le compostage et utiliser le produit pour l’agriculture. Au problème de l’eau, elle avance l’expérience de son entreprise dans la construction de puits. La candidate de Viavy Vognono affirme qu’elle offrira son salaire (si elle est élue) pour le développement de la Commune.
Nourdine : des conseillers populaires
A part le programme présenté aux électeurs, le parti HVM s’appuie sur la popularité et la force (politique) des candidats figurant dans sa liste pour la mairie de Diego Suarez. Figure, entre autres, dans cette liste la chef de la circonscription scolaire d’Antsiranana I, la proviseure du lycée mixte, le Dr Couringa Stéphane… Etaient présents sur le podium, en soutien au candidat du HVM, lors de l’ouverture officielle de la campagne électorale, le directeur régional de l’agence portuaire, maritime et fluviale, le vice PDS d’Antsiranana…
AREMA : promotion de la jeunesse
Rabetsialonina Moustane est le plus jeune des candidats à la mairie d’Antsiranana. Il a été désigné par l’ancien Président de la République, Didier Ratsiraka et fondateur du parti AREMA. Lors de la réunion des membres de ce parti à leur quartier général sur la rue Vavihely Alphonse, Rabetsialonina Moustane a soutenu qu’il faut donner un repère aux jeunes d’Antsiranana et ce repère c’est la commune urbaine conduite par un jeune. L’annonce qu’il a fait quant aux actions à entreprendre pour le bien-être de la population s’oriente vers la jeunesse : la création d’emploi, l’éducation des jeunes… La vision de l’ancien président promu par les partisans est d’inciter les jeunes « à faire l’Histoire pour ne plus subir l’Histoire ».
Papa Lala mise sur l’unité nationale et la religion
« Je suis sûr que je serai élu car je suis avec Zanahary » assure Raharisoa Lalarijaona dit Papa Lala. Durant le meeting du 18 juillet, un de ses partisans affirme qu’il est désigné par Dieu, le tirage au sort de l’ordre de l’apparition des candidats sur le bulletin unique lui a accordé le N°7 qui « est un chiffre sacré ». Le meeting était marqué par un culte et des louanges. Papa Lala se dit démarqué des autres en « ne promettant pas ce qui est irréalisable ». Il dit par ailleurs n’avoir pas élaboré de programme, car « un programme est déjà disponible à la mairie (la politique municipale de développement social) et n’importe quel candidat élu aura à l’exécuter ». Son atout « moi et la liste N°7 représentons l’unité nationale. Figure dans cette liste, des gens de nombreuses régions de Madagascar ».
L’organisation suit son cours
Au niveau administratif et de la CENIT, l’organisation des élections suit son cours. Enregistrement des délégués de candidats à la préfecture, formations des formateurs des membres de bureaux de vote par la CENIT… Les listes définitives sont disponibles au niveau des fokontany où les votants ont à vérifier l’exactitude des renseignements inscrits. L’élaboration des cartes d’identité nationale pose encore problème car les imprimés ne sont toujours pas disponibles. Le préfet d’Antsiranana, Banoma Arsène affirme que ceux qui ont perdu leurs CIN peuvent voter à condition de se munir de la déclaration de perte, de la carte d’électeur et de figurer sur la liste électorale.
Un candidat, un programme
Sur les lieux de meetings, les avis sont mitigés. D’un côté, les partisans, bien convaincus de la force du candidat, sont très enthousiastes. D’un autre côté, les électeurs, dubitatifs face à tant de valorisation de la personnalité des candidats. Rares sont les candidats dans la ville de Diego Suarez qui distribuent la version papier de leur programme. Les promesses verbales « se mélangent dans ma tête sans que je puisse me souvenir qui a dit quoi » déplore Ricki, un jeune électeur de la Place Kabary. Propos plutôt tolérants par rapport « aux fausses promesses et mensonges » qu’André B. Pour que ces promesses ne soient pas vaines et pour qu’elles soient qualifiées de projet de société, il est obligatoire que les électeurs en sachent le contenu et la possibilité de mise en œuvre. Bien que les candidats craignent que « les concurrents ne copient le programme », le cacher enlève aux électeurs la possibilité de faire un choix éclairé sur celui qui sera le premier responsable du développement de leur ville et du bien-être de la population.
Les résultas ne seront proclamés que quarante jours après le scrutin selon le décret d’organisation des élection n° 2015-617.
■ V.M