Ranaivo et Jules Randriamahazo – Ranaivo et Razily pour les intimes réparent les objets et les ustensiles de cuisine en plastique, en aluminium, en fer, en les soudant, les retapant, les adaptant
Ranaivo et Jules Randriamahazo – Ranaivo et Razily pour les intimes – passent leur journée ensemble à réparer tous les objets qu’on leur confie
Ils réparent les objets et les ustensiles de cuisine en plastique, en aluminium, en fer, en les soudant, les retapant, les adaptant. Ils pratiquent cette activité depuis 2010. Originaires d’Ambatolampy (région Vakinakaratra), ils ont traversé Madagascar dans sa grande longueur pour venir à Diego Suarez. « Trouver de l’argent pour acheter de quoi manger et satisfaire nos besoins n’est pas chose facile. Nous avons fait une longue route avant d’arriver ici. Nous avons choisi cette ville car elle représente un petit plus de rentabilité face aux autres par lesquelles nous sommes passés. Mais ce plus ne change pas grand-chose en définitive » confie Ranaivo.
Les deux hommes n’ont pas toujours été dans le métier. « Nous avons essayé toutes sortes de métiers. Nous avons été marchands de litchis, marchands ambulants de légumes. Nous aimons bien les métiers ambulants puisqu’ils nous permettent de voir différents paysages et rencontrer différentes personnes. Il se peut que lors d’un voyage nous trouvions une activité plus rentable, alors nous changeons de métier. C’est comme cela que nous sommes arrivés à Diego Suarez. Nous ne l’avons pas anticipé ».
Leur métier consiste à aller de porte en porte pour demander aux gens s’ils n’ont pas de cuvettes, de bassines, de seaux d’eau, de marmites, et toutes sortes d’ustensiles de cuisine à réparer. Armés de leur fer à souder fait main, avec du feu au charbon de bois, ainsi que quelques bouts de plastiques et du plomb, ils partent travailler dès les premières heures de la journée. « Pour ce métier il faut assurer le matériel et tout prévoir pour ne pas être à court de matériaux en plein travail. Il est facile de trouver des bouts de plastique, par contre pour le plomb, il faut aller chercher des batteries de voitures ou de motos qui ne fonctionnent plus pour en extraire le plomb. On achète ces batteries à 1 000 ariary le kilo » explique Razily.
Beaucoup sous-estiment le métier de Razily et de Ranaivo. Les gens pensent que réparer les ustensiles de cuisine est facile. « Ils n’ont jamais exercé notre métier » disent les réparateurs qui, au contraire, affirment qu’une grande expérience est nécessaire pour trouver des solutions aux innombrables réparations qu’on leur demande. Il faut aussi disposer d’un bon réseau de relations pour savoir où aller, dans quelle partie de la ville les gens ont besoin d’eux. « Dès 5h, nous nous préparons pour aller travailler. Nous attendons nos confrères au parcage Anamakia. Là, nous échangeons des nouvelles, des astuces pour le travail et de nouveaux marchés à conquérir. Puis vers 6h nous partons à la recherche de clients. Nous pouvons faire en moyenne 15 à 18 km dans une journée. Mais il y a des jours où nous ne trouvons rien, « maina ny tsena » (les affaires ne marchent pas bien) comme on dit ». En ce mois de juin, Ranaivo et Razily trouvent au maximum cinq objets à réparer par jour. Lorsque le marché est plus fructueux, ils réparent quinze, voire vingt objets dans une journée. Le plus difficile à réparer étant les parasols. Outre le fait qu’ils nécessitent beaucoup de plomb, les parasols demandent une très grande attention car s’ils ne sont pas bien réparés, il se peut qu’ils se cassent en une journée. « Réparer les cuvettes et les marmites est devenu un jeu d’enfant, nous avons pris l’habitude de nous en charger » dit Ranaivo.
Par leur savoir-faire, ces réparateurs d’objets en tous genres permettent aux ménages d’économiser. Au lieu d’acheter une nouvelle cuvette à 3 000 Ariary au minimum, le foyer fait appel à Ranaivo ou Razily pour une réparation de 500 à 1 000 Ariary. Alors pour ceux qui ont besoin d’une « réparation à la malagasy » de leurs ustensiles de cuisine, ils peuvent faire confiance à Ranaivo et Razily du parcage d’Anamakia.
■ Raitra