Jean Omer Beriziky se porte candidat aux élections sénatoriales de ce 29 décembre pour la Province d'Antsiranana
De passage à Antsiranana avec son équipe de l’association MAMIMAD, Malagasy Miara-Mandroso Aron'ny Demokrasia, pour le dépôt de candidature, il résume en quelques phrases la situation politique qui prévaut actuellement
Violations des principes démocratiques et républicains par le régime en place, le constat par les bailleurs de fonds de la mauvaise gouvernance, la grande majorité de la population qui ne fait pas confiance au régime actuel. Convaincu d’avoir un rôle à jouer au niveau législatif, Jean Omer Beriziky se porte candidat aux élections sénatoriales de ce 29 décembre. Interview
LTdD : Les rapports des bailleurs de fonds montrent que la majorité de la population n’a pas confiance au pouvoir actuel. Si vous êtes élu, vous allez donc intégrer un régime qui n’a pas la confiance du peuple. Qu’est-ce qui vous motive ou êtes-vous convaincu que votre intégration dans ce pouvoir apportera le changement ?
J.O Beriziky : Le sénat est une institution au sein de laquelle nous sommes appelés à nous exprimer. Intégrer les institutions pour moi est un devoir. Se contenter de critiquer et bouder les institutions ne servent à rien et d’ailleurs je n’ai jamais fait de critiques négatives en ce qui concerne ce régime. Il faut construire et le Sénat est là pour cela, attirer l’attention de l’exécutif sur ce qui ne fonctionne pas, à l’origine de cette méfiance de la population, et le conseiller sur la voie à suivre.
LTdD : Pourquoi le Sénat et non l’Assemblée Nationale ?
J.O Beriziky : Pendant la préparation et la tenue des premières élections (législatives et présidentielles) de la quatrième République j’étais encore Premier Ministre. J’étais investi d’une mission au sein de l’exécutif qui était de réaliser les élections. Je devais la mener à bien avant de m’engager dans la politique d’autant que je respecte les principes républicains dont la Charte de l’Union Africaine. Ceux qui ont dirigé durant la Transition ne doivent pas se porter candidats aux élections. J’étais investi des prérogatives de puissance publique et me présenter aux élections avec ce privilège est contraire à ces principes.
LTdD : Vous dites que vous tenez aux principes républicains, que vous êtes contre l’utilisation des prérogatives de puissance publique à des fins politiques, mais des textes récents permettent aux ministres et leurs représentants régionaux de participer à la campagne électorale. Qu’en pensez-vous ?
J.O Beriziky : Je ne suis pas d’accord avec cette manipulation des lois pour servir des intérêts individuels et des intérêts partisans. Les lois doivent servir l’intérêt de tous, l’intérêt public. Maintenant en ce qui concerne l’association MAMIMAD, moi et la liste qu’elle présente respectons les règles et ne pouvons être blâmés pour utilisation de ces privilèges réservés aux autorités, nous mènerons donc librement notre campagne électorale. Si les dirigeants entendent user ou useront de ces prérogatives, c’est leur problème, mais je crois en leur sagesse, ils n’iront pas à l’encontre des principes démocratiques. Sinon, comment gouverner si le pouvoir n’est pas exercé comme il le faut.
LTdD : Vous avez initié et soutenu jusqu’à la fin de la Transition le « ni ni ». Les observateurs soutiennent maintenant que si le régime Rajaonarimampianina n’a pas le soutien du peuple c’est parce que les candidats potentiels n’ont pas pu se présenter aux présidentielles à cause de ce « ni ni » défendu par vous et par la communauté internationale…
J.O Beriziky : Le « ni ni », les autorités de la Transition devaient toutes s’y tenir, mais non, il n’a pas été respecté. Hery Rajaonarimampianina, ministre des Finances et du Budget, un homme qui avait un pouvoir colossal entre les mains s’est quand même présenté aux élections. Il a été investi des prérogatives de puissance publique. Pour ce qui est du soutien du peuple, cette personne (l’actuel Président de la République - NDLR) était-elle vraiment prête à prendre et exercer le pouvoir ? Diriger un pays, cela ne se décide pas du jour au lendemain… Il faut de la préparation.
LTdD : Pour en revenir aux élections, pourquoi vous présenter sous les couleurs d’une association et non d’un parti politique ?
J.O Beriziky : Nous avons créé une association pour regrouper les personnes qui ont la même vision pour ce pays. Les membres de l’association MAMIMAD sont déjà adhérents de partis politiques. Je suis par exemple membre du parti UNDD (Union Nationale pour le Développement et la Démocratie) et fondateur de MAMIMAD, le président exécutif Imbiky Anaclet et de l’AREMA... Nous visons les mêmes objectifs et sommes prêts à nous concerter pour le développement du pays malgré cette différence (d’appartenance politique), nous voulons changer les choses et avons décidé de présenter la candidature aux élections sénatoriales par la société civile.
■ Propos recueillis par V.M