Andriamanantsy est âgé de 20 ans, il est aveugle de naissance. C’est un jeune homme plein de ressources et qui pourrait en surprendre plus d’un : grand fan de guitare, il touche et s’intéresse beaucoup à la musique, percussions, chant, maracas…
La méconnaissance du handicap et les tabous dus au handicap ne facilitent en rien l’intégration des personnes en situation de handicap dans la société malgache. L’accès à un emploi pour ses personnes relève donc d’une mission impossible
Depuis 2008, l’ONG Maison de Sagesse a initié à Diego Suarez un projet intitulé « Les classes adaptées pour enfants en situation de handicap ». Dans la classe EP Pasteur, Madame Lydie, institutrice prend en charge les enfants déficients visuels. Grâce à des formations reçues, elle peut leur apprendre l’écriture en braille et l’utilisation de la canne blanche.
Bien que les jeunes reçoivent différentes formations dont notamment une en transformation de fruits et de lait, il est très difficile à Madagascar de trouver un emploi lorsque l’on est en situation de handicap. L’emploi formel à Madagascar n’est pas encore adapté à l’accueil des personnes en situation de handicap : problèmes d’infrastructures, pas d’accessibilité… Pour beaucoup d’entre eux, l’unique solution pour subvenir à leurs besoins est le travail informel, souvent mal payés, ces personnes déjà exclues de la société civile se retrouvent encore plus marginalisées. Malgré toutes ses contraintes, il faut pouvoir se battre pour essayer de vivre dignement et dans les meilleures conditions qu’il soit.
Andriamanantsy, un jeune homme plein de ressources
Certains ont décidé de s’en sortir, c’est le cas d’Andriamanantsy, âgé de 20 ans, il est aveugle de naissance. C’est un jeune homme plein de ressources et qui pourrait en surprendre plus d’un : grand fan de guitare, il touche et s’intéresse beaucoup à la musique, percussions, chant, maracas…
Être aveugle à Madagascar relève de grands défis, des trottoirs partout, des trous, une circulation dense, un seul passage piéton… Pour sortir de chez soi, c’est un défi de tous les jours. Pourtant Andriamanantsy a voulu s’en sortir, en intégrant la classe EPP Pasteur il a pu apprendre le braille mais surtout l’utilisation de la canne blanche. Outil indispensable qui permet d’avertir les autres (passants, automobilistes) que le sujet a un problème visuel et qu’il faut donc être plus vigilant et attentif, la canne blanche permet également d’explorer l’espace situé devant soi, de détecter des obstacles ou prévenir s’il y a un trou, des escaliers, etc. Cet outil lui a donc permis d’obtenir une certaine autonomie dans ses déplacements en ville. Mais il devait toujours se soucier de subvenir à ses besoins, c’est pourquoi il s’est lancé dans la vente de crédit téléphonique. Il a appris par cœur les différentes touches de son téléphone et les différentes manipulation nécessaire au transfert de crédit. Encore plus étonnant il sait reconnaître à merveille les différents billets rien qu’au toucher grâce à leurs différentes tailles, gare aux tricheurs ! Il est maintenant boucher au Bazar Kely avec son père où il est en charge de broyer la viande dans le hachoir. Il gagne 5 000 ariary par jour pour plus de 10h de travail avec un seul jour de repos le dimanche. Même si ces petits boulots lui permettent de gagner quelques revenus, ce sont des métiers encore très précaires qui ne lui permettent pas d’être indépendant financièrement.
Andriamanantsy souhaiterait : « fonder une famille, me marier, avoir ma propre maison mais le problème c’est que je ne gagne pas bien ma vie et je ne sais pas ce que je peux faire d’autre ! J’ai l’impression d’être trop dépendant de ma famille ! ». Il regrette que peu de structures soient présentes à Diego Suarez pour accompagner les personnes en situation de handicap mais également qu’aucune formation ne soit disponible pour eux comparé à Antananarivo où de nombreux centres proposent des formations professionnelles gratuites pour les personnes en situation de handicap. Malheureusement, Andriamanantsy n’a pas de famille à la capitale et ses parents ne peuvent pas lui payer le voyage ainsi que les frais de vie sur place.
Le manque d’engagement de l’État pour les personnes en situation de handicap laisse les personnes en situation de handicap aux bancs de la société sans possibilité de s’intégrer. Lydie, institutrice constate que : « tous les enfants qui viennent s’inscrire dans sa classe étaient déscolarisés lorsqu’ils sont arrivés, ils n’étaient jamais venus à l’école et pourtant certains ont déjà 9 ans ! ».
■ MPE