Le lycée mixte (à Antsiranana I) a accueilli les centres de vote de la Commune urbaine de Diego Suarez et d’Antsiranana II, soit 24 bureaux de vote
Une commune, un bureau de vote, le Comité National d’Observation des Elections en avait soulevé le caractère qui viole la liberté de vote. Le 29 décembre, jour des élections sénatoriales à Madagascar, cette préoccupation de la société civile s’est vérifiée
Une commune compte treize grands électeurs au maximum, donc très peu de voix à compter alors que les listes de candidats sont au nombre de sept. Un électeur qui a souhaité garder l’anonymat se confie : « Déjà, j’écarte mon choix pour le candidat que j’estime avoir le charisme, la compétence et l’expérience pour le Sénat parce que je ne subis aucune pression de sa part, j’ai juste à faire face à ma conscience personnelle. Maintenant, je subis la pression, indirecte, mais réelle de deux candidats. Imaginez que je vote pour l’un, mais qu’au comptage de voix, l’autre ait eu zéro dans le bureau où j’ai voté… il est clair qu’il saura tout de suite que je n’ai pas voté pour lui » et son souci est fondé car dans les bureaux de vote d’Antsiranana II où les premières tendances étaient connues vers 8 heures le 29 décembre, quatre listes sur sept obtenaient des voix : HVM, MAPAR, Leader Fanilo et ZMT. Ces deux dernières recueillant dans la plupart des bureaux de vote une voix, les trois autres MAMIMAD, TIM, AREMA n’ont quasiment pas eu de voix.
Le lycée mixte (à Antsiranana I) a accueilli les centres de vote de la Commune urbaine de Diego Suarez et d’Antsiranana II, soit 24 bureaux de vote. En principe, les centres de vote sont installés dans les chefs-lieux de districts donc à Anivorano nord pour Antsiranana II, mais d’après le chef de district d’Antsiranana II, Louis Sabbatin Rabenandriamanitra « nombreuses communes sont dans la périphérie de la ville d’Antsiranana I, Antsahampano, Ramena, Antanamitarana… les bureaux de vote sont installés au lycée mixte pour faciliter l’accès des grands électeurs aux bureaux de vote ». La raison serait donc d’ordre pratique, une décision qui ne devrait pas être « remise en cause » d’après le chef de district. Mais pour quelques membres de la société civile, leur constat était qu’il était facile de faire pression sur les électeurs, en les faisant sentir observés et surveillés.
Et l’éthique politique ?
Pour les observateurs, la logique serait que les conseillers municipaux et les maires voteraient pour les tendances politiques pour lesquelles leurs électeurs les ont choisis, mais pour de nombreuses raisons (pression, corruption, peur d’être destitués, etc. que certains grands électeurs ont rapporté verbalement) cette logique n’a pas été suivie. A Antsiranana I, un sur les cinq grands électeurs du MAPAR a voté pour cette plateforme regroupant les partisans d’Andry Rajoelina, les quatre autres ont donné leurs voix soit au HVM, qui a recueilli sept voix, soit au Leader Fanilo, trois voix (ou MAMIMAD, une). Dans toutes les communes d’Antsiranana I et II, c’est le HVM qui a recueilli le plus de voix, dans certaines communes, cette liste a même eu 100 % des voix, telle qu’Andranovondronina et Bobasakoa. Dans ces deux communes pourtant, les électeurs ont voté Hasin’i Bobaomby pour la première, et MAPAR pour la deuxième. D’après le maire d’Antsiranana, certains grands électeurs ont suivi les consignes de vote de ceux qu’ils considèrent comme raiamandreny, même si cette consigne va à l’encontre des convictions partisanes. Le maire de la ville de Diego Suarez qui affirme avoir voté MAPAR constate par ces élections sénatoriales que même les adhérents du MAPAR, membres du conseil municipal ont renié ce regroupement, quid de sa position au sein de la mairie ? Les observateurs constatent par ailleurs que des candidats se sont fourvoyés car au lieu de viser directement les grands électeurs, ceux-ci ont encore organisé des rencontres populaires et perdu du temps et de l’argent. Mamodo Mosa, maire d’Anivorano nord soutient que son vote était orienté vers le sérieux et les promesses de la liste. « Comme le sénateur a la mission de travailler au plus près des collectivités territoriales décentralisées et de conseiller le gouvernement pour leurs intérêts, j’ai décidé de voter pour le candidat qui a été attentif au problème majeur d’Anivorano nord, c’est-à-dire l’eau, et qui a jugé nécessaire d’en faire sa priorité » assure Mamodo Mosa.
Au vu des résultats provisoires, le HVM remporte six places au sein du Sénat pour la province d’Antsiranana et une pour le Leader Fanilo
■ V.M