13 ans, c’est à cet âge en moyenne que les jeunes de la ville d’Antsiranana ont leur premier rapport sexuel selon la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports.
Ce qui est inquiétant c’est que la plupart de ces jeunes ne savent rien de leur sexualité à part les quelques informations de base données en CM2. C’est alarmant lorsqu’on sait que 49,7% de la population antsiranaise a moins de 15 ans
Ce manque d’éducation et de sensibilisation font que ces jeunes mènent et mèneront une vie sexuelle désordonnée. A part cela, le problème financier des parents expose souvent les jeunes filles à la prostitution surtout que sortir avec un étranger est considéré par certaines sociétés comme un privilège et une « bonne affaire », ce ne sont donc pas les parents qui vont interdire la relation.
Mais les plus grands dangers ce sont les maladies, la grossesse précoce (et indésirée), l’avortement. Lorsque nous avons discuté avec quelques filles de 14 à 17 ans, la plupart d’entre elles, soit environ 63% ne se sont pas protégées lors de leurs premiers rapports sexuels. Jusqu’à maintenant 48% n’utilisent pas de préservatifs. Les unes disent ne pas vouloir offenser leurs partenaires, les autres n’y ont même pas pensé, certaines ne sont pas particulièrement convaincues par l’utilisation de condoms. Les 52% restant sont pour, mais n’ont recours aux préservatifs que quelque fois.
Le Directeur régional de la jeunesse nous a expliqué que les associations, les centres d’éducation réservés aux jeunes, les infrastructures sportives, les sensibilisations en santé de la reproduction manquent à Diego et dans le Nord en général. Il n’y a pas de loisirs que l’on considère « sains ». La réhabilitation du gymnase est très avantageuse pour les sportifs. Ces derniers temps, on a noté un engouement des adolescents de Diego pour les arts martiaux donc il faut en profiter. La réhabilitation du stade Mitabe annoncée par le Président de la Haute Autorité de la Transition lors de son passage à Antsiranana samedi dernier est tout aussi importante car l’état actuel des choses n’encourage pas du tout les sportifs. Une maison des jeunes sera aussi construite à Diego Suarez, chaque District aura un kiosque pour recevoir filles et garçons désirant se distraire. Ce que l’on fera donc c’est de fournir le maximum d’informations sur la sexualité en faisant de cette nouvelle infrastructure un lieu de partage. Rappelons que la signature de l’accord entre le maire de la Commune Urbaine d’Antsiranana et du Ministre de la jeunesse et des loisirs s’était déjà fait au mois d’avril dernier. L’association des maires francophones ont offert 66 400 euros pour la réalisation des travaux de construction, les 16 000 euros restant incombent au Ministère de la jeunesse et des loisirs. Tout le monde attend donc avec impatience le début des travaux vers la fin du mois d’octobre. Mais cela suffit-il pour faire disparaitre les habitudes à risque des jeunes ? Comment créer chez ces enfants le reflexe d’aller parler aux pairs éducateurs de leurs soucis ?
En effet, la direction régionale de la jeunesse projette dans un futur proche de former des jeunes pairs éducateurs ou JPE, il leur est plus facile d’écouter et de convaincre les personnes de même âge qu’eux. Néanmoins, les animateurs sociaux ont noté que comparé à d’autres régions de Madagascar, à Diego Suarez il est plus facile de parler aux adolescents de leur sexualité et d’identifier les problèmes.
Actuellement, un spot passe fréquemment à la télévision nationale encourageant les jeunes à prendre la pilule. Efficace pour éviter de tomber enceinte en moment inopportun, mais il faut voir un médecin d’abord. Là aussi c’est encore un problème car tout le monde peut acheter des pilules à la pharmacie, donc on ne sait pas ce que pourrait être la prise de ces médicaments sur la santé. De plus, cela ne fera qu’encourager leurs partenaires à ne pas utiliser un préservatif ce qui fait que le risque d’attraper une infection sexuellement transimissible est très élevé.
V.M