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La baie d’Ambodivahibe est d’une importance régionale, nationale et internationale du fait qu’elle est un refuge climatique pour les espèces marines, ce qui fait sa richesse et son exceptionnelle biodiversité marine
La baie d’Ambodivahibe est d’une importance régionale, nationale et internationale du fait qu’elle est un refuge climatique pour les espèces marines, ce qui fait sa richesse et son exceptionnelle biodiversité marine. Photo : CI

Après des années d’études et de concertation entre les ONG de protection de l’environnement, le gouvernement, et les populations locales, la baie d’Ambodivahibe, zone exceptionnelle de biodiversité marine et terrestre, a obtenu le statut d’aire marine protégée de catégorie

La baie d’Ambodivahibe comporte deux types d’écosystèmes naturels. Le premier est terrestre, formé de forêt littorale et le second est l’écosystème marin côtier avec les mangroves, la baie, les récifs, lagunes, plages et affleurements rocheux. D’après Yacinthe Razafimandimby, coordinateur régional de Conservation International, la baie d’Ambodivahibe est d’une importance régionale, nationale et internationale du fait qu’elle est un refuge climatique pour les espèces marines, ce qui fait sa richesse et son exceptionnelle biodiversité marine. Des espèces de poissons menacées au niveau mondial se retrouvent dans cette zone. Des études réalisées en 2006 ont démontré un substrat corallien en excellente condition et à faible sédimentation. Les coraux sont protégés du réchauffement des eaux grâce à la remontée de l’eau des profondeurs vers la surface entraînant un refroidissement naturel de l’eau de surface. « La baie présente une forte résilience et résistance par rapport à la hausse de la température de l’eau de mer » explique Yacinthe Razafimandimby. La baie en elle-même couvre une superficie d’environ 8,37 km2 et la partie interne est de 2,16 km de longueur et large de 1,14 km. Il y a dix ans, la pêche et l’exploitation des ressources de la mer étaient limitées à la subsistance de la population environnante (de très faible densité d’ailleurs). L’état de la route ne favorise d’ailleurs pas des activités florissantes destinées au commerce et l’intensité du Varatraza soufflant près de huit mois sur douze impacte sur toute activité en mer. La pression de la pêche était donc faible, mais l’extension de la ville d’Antsiranana a fait que plus tard, des nouveaux pêcheurs sont arrivés et exploitent la zone composée de plusieurs fokontany des communes rurales de Mahavanona et Ramena.

Aire protégée et réserves marines
Baie d’Ambodivahibe en chiffres

■ Aire marine protégée d’Ambodivahibe : 40 000 ha dont 10 % noyau dur

Zone de ponte et de reproduction de plus de 500 espèces

154 espèces de poissons de récif dont le labre géant (ou Napoléon) Cheilinus undulatus, une espèce sensible à la pêche et dont la population décline considérablement à cause d’une pêche mondiale non-contrôlée.

31 espèces de poissons commerciales

132 espèces de coraux

7 espèces d’herbiers phanérogames

36 espèces d’algues sur les 91 recensées

■ D’autres espèces menacées telles que la tortue verte Chelonia mydas (en danger), la tortue imbriquée Eretmochelys imbricata (en danger critique) et le mérou géant Epinephelus lanceolatus

Sous la menace d’une exploitation irrationnelle de la baie, lui conférer le statut d’aire protégée s’est avéré primordial. Suite aux études menées en 2006, l’ONG internationale Conservation International œuvre pour l’établissement de la nouvelle aire protégée marine d’Ambodivahibe. C’est en décembre 2015 que la baie d’Ambodivahibe obtient le statut d’aire marine protégée de catégorie V. Ce qui signifie qu’elle est gérée principalement dans le but d’assurer la conservation de paysages terrestres et marins à des fins récréatives. Entre temps, Conservation International avec d’autres partenaires (ONG et étatiques) a travaillé auprès des communautés de pêcheurs en les sensibilisant sur l’environnement marin, pour la gestion durable des ressources naturelles et pour le développement de projets pour améliorer leurs moyens de subsistance. En 2010, la communauté villageoise d’Ivovona (Ramena) a fermé pour la première fois la zone de pêche pendant quatre mois. A l’ouverture, la capture totale réalisée par 40 pêcheurs durant une sortie de pêche de deux heures a atteint les 610 kg soit dix fois de plus de produits à l’ouverture de la pêche. Deux zones marines ont été par la suite créées et gérées localement, la réserve permanente de Bekadoda et la réserve temporaire d’Ampasimena. Ce qui a conduit la Région DIANA à qualifier Ivovona de réserve pilote. La population d’Ambavarano (Mahavanona) a décidé d’imiter le modèle d’Ivovona à partir de janvier 2012. Des zones marines ont été mises en place aussi à Ampondrahazo, des règles traditionnelles « Dina » ont été adoptées et reconnues par les autorités judiciaires. Des activités alternatives ont été développées pour améliorer les revenus des pêcheurs. Maintenant, des associations et plateforme d’Ampondrahazo, Ambavarano, Ambodivahibe, Ivovona, fokontany des Communes de Mahavanona et de Ramena, gèrent leurs réserves marines.

Festival des réserves marines
Le festival des réserves marines a été organisé pour la première fois pour la promotion du site pour l’écotourisme et le tourisme communautaire, pour faire connaître les richesses qui s’y trouvent
Le festival des réserves marines a été organisé pour la première fois pour la promotion du site pour l’écotourisme et le tourisme communautaire, pour faire connaître les richesses qui s’y trouvent

Aire protégée ramène à l’idée de préservation et de conservation, voire d’interdiction. Les objectifs dans la mise en place de l’aire marine protégée sont en effet de préserver les espèces de poissons en voie de disparition (à l’échelle mondiale) et de maintenir la santé des habitats marins. Mais ils ne pourraient être atteints si l’interdiction d’accès dans la zone où ils évoluent est appliquée purement et simplement. D’ailleurs, ce sont la mer et la baie qui fournissent les moyens de subsistance de la population installée dans la localité. La protection des espèces et des habitats marins n’est donc assurée que par la compréhension, par les utilisateurs de la baie, de la vie marine pour le bien-être des hommes d’où les diverses sensibilisations allant dans ce sens. La pêche durable et l’exploitation rationnelle des ressources seront favorisées par le développement d’autres activités qui améliorera les revenus. C’est dans cette vision que le festival des réserves marines a été organisé pour la première fois pour la promotion du site pour l’écotourisme et le tourisme communautaire, pour faire connaître les richesses qui s’y trouvent. Les membres de la communauté sont formés aux activités touristiques, en guide plongeur entre autres et en suivi économique. Une structure et une réglementation sont par ailleurs à mettre en place qui conduira à l’installation d’un comité local de gestion. C’est le 11 mars que ce sont tenues dans la ville d’Antsiranana et à Ivovona les manifestations. Un carnaval dans les rues de Diego Suarez, reliant l’Hôtel de ville au croisement Y s’est tenu dans la matinée avec la participation de jeunes déguisés en animaux marins. Une délégation a rejoint Ivovona et sa population pour un déjeuner collectif, une série de discours, des animations de sensibilisation, morengy et bal. Le directeur Sciences and knowlegde de Conservation International Madagascar, Luciano Andriamaro a annoncé que le financement aux actions de CI se poursuivra pour trois ans encore. L’engagement du fokontany d’Ambolobozokely pour la mise en place de réserve marine a été réitéré lors de cette cérémonie.
■ V.M

Ouverture de la saison de pêche

La fermeture de la pêche permet aux espèces de se régénérer et de se reproduire pendant la période chaude d’où la fermeture du mois de décembre au mois de mars des réserves marines. En outre, des zones de pêche sont fermées pour concentrer les ressources, cibles de pêche. Sur toute la côte est de la Grande Île, la pêche aux poulpes est fermée de juin à août. Dans les réserves marines de la baie d’Ambodivahibe, la fermeture se fait sur décision collective, par le « dina » et les sanctions pour ceux qui enfreignent les règles sont également déterminées par cette convention traditionnelle. Celles-ci sont constituées en général de paiement d’une somme allant de 100 000 à 300 000 Ariary par le contrevenant à l’association. Les quatre réserves d’Ivovona ont été fermées successivement pour que les pêcheurs puissent exploiter un endroit à un autre, comme l’explique Jaoravo qui est le président de la plateforme des associations de pêcheurs. Durant la fermeture, un poulpe gagne un kilogramme par mois. Le maximum de poids jusqu’ici atteint, grâce à la fermeture de la pêche est de 8 kg. Dans ce village de la commune de Ramena, la majorité de la population (environ 540 habitants) est pêcheur dont 72 appartiennent à des associations. Depuis 2014, des moutons et des chèvres leur ont été remis par Conservation International pour des activités alternatives ou secondaires. D’après Jaoravo, la production cette année, à l’ouverture de la pêche n’est pas aussi satisfaisante que celle des autres années à cause de la fréquence de la pluie (beaucoup plus importante cette année) qui a favorisé la prolifération d’algues rouges. A Ambavarano, en une journée, les pêcheurs ont obtenu 2 tonnes et demi de poulpes lors de l’ouverture de la saison.

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