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« Il faut se mobiliser et c'est ce que nous commençons à faire en ce moment. Madagascar a besoin de tout le monde aussi bien la jeunesse que les aînés, les Ray aman-dReny »
« Il faut se mobiliser et c'est ce que nous commençons à faire en ce moment. Madagascar a besoin de tout le monde aussi bien la jeunesse que les aînés, les Ray aman-dReny »

Moustane Rabetsialonina était candidat à la mairie de la Commune Urbaine d’Antsiranana en 2014. Il est du parti politique AREMA (Avant-garde pour la Rénovation de Madagascar). Il n’a pas été élu et la même année, il a pris la décision de quitter Antsiranana, puis Madagascar pour poursuivre ses études et travailler en France. Il nous parle de cette décision et de son ambition personnelle et pour le pays, le tout dans un point de vue politique

La Tribune de Diego (LTD) : Pourquoi avoir pris la décision de partir ? Pourquoi précisément à cette période ?
Moustane Rabetsialonina (M.R) :
La décision de partir était essentielle, comme on dit « reculer pour mieux sauter ». Après cette soi-disant élection, j’ai vu que nos compatriotes ne sont pas conscients de la réalité, de ce qu’aura comme impact leur choix politique, de ce qu’ils vont vivre par rapport aux dirigeants, ceux qui sont au pouvoir. Il y a trop de laisser-faire, trop de laisser-aller dans notre pays. L’on cherche des excuses et on impute la responsabilité de tout cela aux politiciens alors qu’il faut comprendre que les politiciens sont ainsi parce que le peuple les admire comme ils sont. Je suis parti non seulement pour m’améliorer, améliorer ma propre performance, mais aussi chercher des alliés pour mieux combattre le mal de notre pays qui est la pauvreté et la corruption.

LTD : Pourquoi « soi-disant » élection ?
M.R :
soi-disant car l'organisation des élections depuis 2013 était mauvaise. Je dirais même depuis 2010, lors du référendum. Pour moi, la CENI-T n'est pas impartiale et l'égalité de chances des candidats n’a pas été défendue ni même promue. Je me suis présenté aux élections communales et j’ai voulu présenter une nouvelle alternative dans la manière de faire de la politique, mais cela n’a pas fonctionné.
La majorité se plaint des politiciens actuels en disant que tous les politiciens sont pareils, qu'il n'y a que l'argent qui compte. Alors pourquoi ne pas choisir des personnes qui agissent différemment ou changer la manière de faire en commençant par voter pour un candidat qui a un programme clair ? Pourquoi ne pas choisir des candidats issus de formations politiques plutôt que des arrivistes comme cela se fait depuis quelques temps à Madagascar ? Cela dit, nous ne pouvons avoir de meilleurs politiciens que nous le méritons. Comment combattre ce réseau de malhonnêtes qui sévit à Madagascar si les gens qui ont pris conscience de cet état de choses ne se donnent pas la main ? Il faut se mobiliser et c'est ce que nous commençons à faire en ce moment. Madagascar a besoin de tout le monde aussi bien la jeunesse que les aînés, les Ray aman-dReny.

LTD : Depuis l’étranger, comment voyez-vous les choses ? Madagascar peut-il s’en sortir et quel rôle la diaspora devrait jouer dans tout cela ?
M.R :
Ici, il y a deux sortes de personnes. Il y a celles qui sont venues s’installer pour fuir la souffrance et la pauvreté à Madagascar, donc le changement, elles n’y croient plus. Puis, celles qui sont venues ici pour étudier, ces dernières ont l’intention de retourner au pays. Par ailleurs, il y a des Malagasy qui pensent continuellement à ce qui peut être bien pour notre pays, et cherchent des solutions. Beaucoup d’associations ou de plate-formes se forment en Europe pour aider notre pays. D’ici, nous savons que le pays peut s’en sortir, mais il faut l’honnêteté intellectuelle de nos dirigeants et des différents acteurs. Il faut arrêter l’infantilisation de la population.

LTD : Donc vous pensez un jour revenir au pays ?
M.R :
Comme je l’ai dit précédemment, il y a des gens qui viennent ici pour fuir la pauvreté. Ce n’est pas mon cas. Mon pays c’est ma fierté, donc je ne peux qu'y retourner.

LTD : Et les autres qui pensent rester définitivement à l’étranger, qu’est-ce que vous leur diriez ? Et à ceux qui veulent quitter Madagascar ?
M.R :
Aux gens qui veulent partir, je leur dirais qu’il faut bien réfléchir car ici, il n'y a rien pour nous. Avec des diplômes et des facultés intellectuelles particulières, l’on peut s’en sortir. Dans le cas contraire, c’est encore la misère, pire qu’à Madagascar d’ailleurs. La vie ici n'est pas du tout rose. Il y a aussi la misère et la pauvreté. Je trouve qu’il est encore plus dur de se battre dans la vie quotidienne. Mais de toute façon, si ces gens sont venus ici par leurs moyens et veulent rester, c’est leur choix. Cependant, les étudiants qui ont pu traverser l’océan et acquérir des connaissances grâce à une bourse d’étude, ils doivent retourner à Madagascar. Ils se sont servis des moyens de l’État et rester ici est une trahison. Les boursiers doivent rentrer pour rendre au pays ce qu’ils lui doivent. Mettre au profit de la population les connaissances et le savoir-faire, au lieu de rester à l’étranger faire des petits boulots.

LTD : Vous êtes parti, donc maintenant vous êtes dans l’attente d’un changement pour rentrer ou vous comptez apporter votre contribution pour ce changement ?
M.R :
Croire que nos dirigeants n’ont pas la solution pour que le pays s’en sorte est une erreur. Ils ont le moyen, mais l’honnêteté fait défaut. La plupart est diplômée, certains ont suivi leurs études à l’étranger, mais ils sont de mauvaise foi. D’ailleurs, la majorité de ceux qui sont au pouvoir ne sont pas des politiciens à la base, ils ne sont pas formés. Il nous faut garantir une bonne relève : de l’éducation, du consensus, de nouvelles structures et de nouveaux pactes. Des solutions, il en existe toujours, mais il faut de la volonté et de l’honnêteté surtout des dirigeants. Il faut respecter les lois et les appliquer stricto sensu.
Je constate maintenant que la communication et l’influence de la diaspora peuvent changer les choses, alors j'invite tout le monde à participer. Nous avons besoin, l’un de l’autre, à l’étranger ou au pays. Moi, je cherche les moyens pour que les nationaux prennent conscience de ce qui se passe, comment informer les nationaux de la réalité. L’expérience de ces pays qui nous accueillent peut nous servir, comment la partager et la rendre bénéfique pour Madagascar. Il faut s’entraider. Il faut discuter pour savoir déjà quelle face de la démocratie mettre en application.
■ V.M

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