Bien que bon nombre d’élus ne soient pas satisfaits de leur rémunération, la motivation des élus ne doit pas provenir de la rémunération
Par leur engagement envers les électeurs et la population, concrétisé par leurs élections et par l’utilisation de l’argent public duquel ils sont rémunérés, les élus ont le devoir de rendre compte
Les maires sont assimilés à des fonctionnaires dont la rémunération est déterminée à partir d’une catégorisation et d’un indice alors qu’il ne s’agit pas de salaire, mais d’indemnité. Il y a des communes rurales classées de catégorie 1 et 2, il en va de même pour les communes urbaines. La Commune urbaine d’Antananarivo a un indice 3 000 donc la rémunération du maire est plus élevée. Pour la deuxième catégorie de Communes rurales, l’indice est de 1000 et la rémunération avoisine les 600 000 ariary, mais en réalité, des maires ne perçoivent pas ce montant puisque le budget de leurs communes ne peut le prendre en charge. Certains de ces maires obtiennent la moitié de ce qui est indiqué. Le maximum d’indemnité que peut toucher le maire de la Commune Urbaine d’Antsiranana est de 800 000 ariary. Le maire Djavojozara Jean Luc est parmi ceux qui militent pour que la rémunération des élus : députés et maires soit établie sur une même base, soit une grille à établir. Il conteste aussi cette assimilation des maires aux fonctionnaires, tout comme les autres membres de l’association des maires des grandes villes de Madagascar. Les catégories et indices n’ont pas leur place dans la détermination de ces rémunérations. « Les mairies ont l’autonomie financière, elles devraient être libres de déterminer l’indemnité de ses élus » souligne le maire d’Antsiranana. Outre les 800 000 ariary d’indemnité, le maire d’Antsiranana obtient « du carburant », un logement meublé, seulement Djavojozara Jean Luc affirme que les meubles n’y sont plus. Il est aussi censé être véhiculé, mais la voiture n’est plus en état de marche. Les détournements et manœuvres auxquels s’adonnent les élus peuvent s’expliquer par les difficultés engendrées par ce manque de ressources, indique le maire d’Antsiranana. Bien que bon nombre d’élus ne soient pas satisfaits de leur rémunération, la motivation des élus ne doit pas provenir de la rémunération. En se présentant aux élections, ils ont montré leur volonté de servir l’intérêt général et collectif, à mettre en œuvre une politique pour le bien-être de la collectivité. La rémunération contribue à leur efficacité dans l’exécution de leurs projets de société et non à les pousser à exécuter leurs tâches. Normalement donc, l’absence d’indemnité n’ébranle pas la motivation des élus. Harilanto Ravelomanantsoa de l’ONG SAHA explique que pratiquement la motivation est mise à l’épreuve par la non-application des mécanismes et outils de décentralisation effective. Il s’agit entre autres de l’absence de transfert vers les collectivités territoriales décentralisées des ressources et des compétences annihilant les initiatives et actions des Communes (notamment). « Par l’insuffisance des ressources, les conditions de travail sont difficiles et son peu favorables à l’efficacité » soutient Harilanto Ravelomanantsoa lors d’un débat public organisé par Transparency International Initiative Madagascar à Andohatapenaka, Antananarivo.
Que ce soit par rapport aux promesses électorales, à l’utilisation de l’argent public et autre engagement, les élus sont liés par un une obligation d’efficacité. Leur performance est mesurée par la réalisation des plans d’actions qu’ils ont, eux-mêmes, établis. Elle s’observe aussi par le degré de satisfaction des citoyens et des consommateurs des services offerts. Ces derniers sont par ailleurs attentifs aux actions entreprises. La redevabilité qui est le fait pour les élus de rendre compte sur tout ce qui est entrepris ou ce qui n’est pas entrepris installe la confiance entre élus et citoyens. Qu’il y ait redevabilité ou non, les élections représentent toujours l’outil de sanction démocratique.
■ V.M