Puisque l’idée d’une révision constitutionnelle lancée par le régime en place était très contestée et rejetée en bloc de toutes parts, le parti du Président de la République Hery Rajaonarimampianina pose par tous les moyens les pions pour que le pouvoir ne change pas de main en 2018
A la démission du Président, le pouvoir sera maintenu par le HVM
Les arguments de la société civile et des partis politiques malagasy ont eu raison du projet de révision constitutionnelle émanant du régime actuel. Si la révision avait été maintenue, il aurait été question d’un changement à apporter à l’article 46 de la Constitution sur la démission du Président de la République et le changement de statut des fokontany qui seraient proposés de devenir des collectivités territoriales décentralisées. Pour la SeFaFi (Sehatra Fanaraha-maso ny Fiainam-Pirenena) ou observatoire de la vie publique, le GEN (Groupe des Experts Nationaux), KMF-CNOE (Comité National d’Observation des Elections), CDE (Club Développement et Ethique), MAMIMAD (Malagasy Miara-Mandroso Aron’ny Demokrasia), CRAB (Cercle de Reflexion et Analyse de Bongolava) et l’Association Mamiko ny Taniko, « les contraintes climatiques et la proximité des élections présidentielle et parlementaires, dont le processus commencera dès juillet 2018, obligeront à organiser ce référendum dans la précipitation ». Et puis, « entamer aussi tardivement un processus constitutionnel sur la simple question de la démission du Président de la République, candidat à sa propre succession, semble servir le seul intérêt particulier du Président actuel, et non pas l’intérêt général de la nation ». La société civile interprète l’intention du régime Rajaonarimampianina d’intégrer le fokotany aux collectivités territoriale décentralisées comme une manœuvre de diversion pour amadouer l’opinion. Suite à ces différentes contestations, l’idée de la révision constitutionnelle semble désormais abandonnée. Seulement, le parti du Président Rajaonarimampianina a d’autres cartes à jouer. Le président du parti HVM, Hery Vaovao ho an’i Madagasikara, a quitté sa fonction de ministre de l’agriculture et de l’élevage pour être nommé sénateur. Pour les observateurs, la stratégie est claire : Rivo Rakotovao remplacera Honoré Rakotomanana à la présidence du bureau du sénat. Ainsi lorsqu’arrivera le moment où le Président de la République devra démissionner, s’il est candidat à sa propre succession, Rivo Rakotovao assurera les fonctions de Chef de l’Etat. La Constitution dispose dans son article 46 que « le Président de la République en exercice qui se porte candidat aux élections Présidentielles démissionne de son poste soixante jours avant la date du scrutin Présidentiel. Dans ce cas, le Président du Sénat exerce les attributions Présidentielles courantes jusqu’à l’investiture du nouveau Président.» La prévision s’est réalisée et Rakotomanana a démissionné le 31 octobre.
Confusion totale entre la mission de gouvernant et celui de partisan du HVM
Le jour même, une élection a été organisée et le président du HVM est élu président du sénat à 52 voix sur les 55 votants. Au lendemain de sa passation avec Honoré Rakotomanana, le nouveau président du Sénat était parti en région, dans le nord-est, puis dans l’ouest où les partisans du HVM l’ont accueilli en grande pompe pour cette élection à la présidence du Sénat. A Mahajanga, le nouveau sénateur était accompagné d’une forte délégation. La population ignorait au final quelle était leur mission et dans quel cadre elle se faisait. En tant que membres du parti politique ou en tant que membres du pouvoir exécutif. Les membres du gouvernement, Harry Laurent Rahajason, Rasoazananera Monique, Harison Randriarimanana, Neypatraiky Rakotomamonjy, Bary Rafatrolaza, Eric Razafimandimby, honoraient en effet de leur présence cette rencontre du nouveau président du sénat avec la population de Mahajanga que des journalistes qualifient de pré-campagne. La plupart, pour ne pas dire toutes, les actions gouvernementales ou présidentielles, portent la couleur bleue du HVM, sinon, le parterre qui honore les inaugurations exprime en évidence leur appartenance au parti. Le moyen de laisser dans les esprits une image qui sera décisive au moment du vote lors des élections de 2018.
■ V.M