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Les discussions publiques autour de l’avortement sont très rares à Madagascar
Les discussions publiques autour de l’avortement sont très rares à Madagascar

L’avortement est interdit à Madagascar, il se pratique clandestinement. Il n’y a pas de statistiques officielles concernant les cas, mas selon les estimations du ministère de la Santé Publique, plus de 500 femmes et adolescentes meurent chaque année à Madagascar des suites d’un avortement non sécurisé médicalement

Le problème existe, la solution est à trouver. Renforcer les actions pour l’utilisation de méthodes contraceptives ? Faut-il appuyer sur l’éducation sexuelle ? Dépénaliser l’avortement ou au contraire renforcer les poursuites pour dissuader ceux qui le pratiquent? Pour les activistes de la défense des droits humains malagasy, parler de l’avortement est déjà une avancée puisque l’avortement existe, les conséquences lorsqu’il est pratiqué en lieu non sécurisé sont dévastatrices et les ignorer condamnera les femmes et les jeunes à des décisions qui vont les poursuivre à vie.

La société ferme les yeux sur un sérieux problème

La pénalisation de l’avortement n’a jamais fait cesser ou reculer la pratique et le problème se porte sur ce point puisque les femmes et les adolescentes qui comptent avorter ne dévoilent pas toujours leur intention. De ce fait, elles ne sont pas conseillées et le pire arrive lorsque la femme ou l’adolescente prend elle-même des initiatives en recourant à des outils dangereux pouvant perforer l’utérus, en prenant des médicaments qui vont aider son corps à expulser l’embryon, mais qui peuvent conduire à une hémorragie. Outre les décès, les maladies et la stérilité qui feront suite à un avortement clandestin, les conséquences psychologiques sont ignorées. Un débat public « Avortement, parlons-en » a été organisé à Antananarivo le 15 février, la salle était bien remplie, mais surtout de femmes. Un débat dont le sujet n’est pas courant à Madagascar, alors que le problème qu’il pose est bien réel. 25 millions avortements non sécurisés s’effectuent chaque année dans le monde. 97% de ces avortements non sécurisés se déroulent en Afrique, en Asie et en Amérique latine, là où l’avortement est un délit ou un crime. Ces chiffres sont de l’Organisation Mondiale de la Santé qui appuie que 13% des décès maternels sont liés à des avortements non sécurisés. La société malagasy est face à un problème auquel il ne peut pas se détourner car les faits sont là « la connaissance des risques que représentent de l’avortement ne dissuade pas la femme à le faire », les propos sont de l’interne en médecine Lovatiana Andriamboavoanjy qui a présenté lors du débat les résultats d’une étude effectuée à l’hôpital Befelatanana, Antananarivo. Les résultats des enquêtes auprès des femmes qui ont fait un avortement ont permis de déduire qu’il y a décès parce que l’avortement n’est pas réalisé dans un endroit médicalement sécurisé.

Interdiction formelle de l’interruption de grossesse pour motif médical

Le parlement a déjà pris sa décision en ce qui concerne le sujet et aucun changement dans le futur proche n’est à attendre puisqu’il a fallu des années pour que le projet de loi sur le planning familial avec ses articles sur l’interruption médicale de grossesse soit élaboré et présenté aux votes du Parlement. En juin 2017, ce projet de loi du ministère de la Santé publique a été présenté à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Les députés ont voté la loi, le Sénat quant à lui ne l’a pas fait et a recommandé la suppression des articles 22 et 23 sur l’interruption médicale de grossesse. Les dits articles ont été supprimés et la loi a été adoptée le 11 février. Le personnel médical qui effectuera un avortement, peu importe le motif, tombera donc sous le coup du code pénal. « Même si la grossesse peut causer la mort de la mère, même si la grossesse est le produit d’un viol ou d’un inceste, quand bien même une grosse malformation est constatée dès l’échographie, et même si le fœtus n’est pas viable… Non, il faudra que la mère mette le bébé au monde ou qu’elle attende que le fœtus meure en elle » dénonce la juriste Olivia Rajerison. Les sénateurs estiment que permettre l’avortement pour motif médical conduirait à des abus et l’avortement ne correspond pas à la culture malagasy. Pour les juristes, « la loi est faite pour s’adapter aux problèmes de société, elle doit coller aux réalités et doit évoluer par rapport aux mentalités ». L’avortement est interdit par la loi, mais dans la pratique, très peu de condamnations s’y rapportant sont enregistrés.

Des pistes de solutions à élargir

Le projet mondial de planification familiale FP2020 mise sur la contraception. Le document du projet souligne «des centaines de millions de femmes et de jeunes filles sont toujours exposées au risque de grossesse non-désirée et d’un avortement dangereux ». Madagascar est concerné par le projet. Pour certains parents, ce sont les discussions avec les enfants qui doivent être appuyées et s’il est nécessaire que les parents soient orientés là-dessus, des échanges doivent être organisés « les parents et les enseignants gardent leur attitude pudique et fermée face à toutes les questions entourant les relations et rapports sexuels alors que les jeunes malagasy vivent de plus en plus librement leur sexualité » explique Rakotoarison Bodo Emilienne, enseignante et mère de trois enfants. Pour ce qui est des discussions autour de l’avortement, elles se poursuivront et les actions seront revigorées, suivant les déclarations des activistes présents au débat public du 15 février.

■ V.M

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