Un cadre actif de concertation, d’échanges et de coordination est mis en place pour améliorer l’employabilité
Ce ne sont pas les universitaires qui le contrediront… Pendant des années à Madagascar, les travaux de recherches que les étudiants s’efforçaient de mener à bien avaient surtout pour finalité l’obtention d’un diplôme
Les travaux de recherche ne visaient pas particulièrement un besoin réel de la communauté dans le domaine du travail ou pouvant engendrer des investissements entrepreneuriaux, ils étaient effectués pour marquer la fin d’un cycle d’études. Fort heureusement, certaines recherches répondent au besoin du chercheur d’assouvir ses curiosités intellectuelles et cela peut, par ailleurs, correspondre à un besoin d’une communauté et d’une entreprise. « Lorsque j’effectuais mes travaux de recherche pour l’obtention d’une maitrise en Sociologie, il y a dix ans, je ne pensais pas à ce qu’ils m’ouvriraient des portes pour un emploi ou si ils pouvaient servir à une entreprise, mais en fait, ils m’ont beaucoup servi sans que je n’y ai vraiment donné une grande importance dans mon curriculum vitae ou dans mes lettres de candidature à un emploi » explique Rojo Raliharijaona.
Ces derniers mois, les différents acteurs concernés par les problèmes de l’emploi et de l’employabilité se concentrent sur comment faire pour valoriser les travaux de recherche et en même temps améliorer l’employabilité. En effet, l’inadéquation formation et emploi constitue depuis des lustres un obstacle pour une bonne productivité des activités économiques génératrices de revenu. A Madagascar, d’après les résultats de la dernière enquête sur la transition des jeunes vers la vie active, en 2015, 62,5% des jeunes travailleurs n’ont pas la qualification requise pour les postes qu’ils occupent. Et ce malgré le fait que l’effectif des diplômés tende à augmenter. Cette sous-qualification intensifie le chômage et parallèlement à cette faible instruction, elle favorise la prédominance de l’emploi informel qui n’apporte que très peu à l’économie nationale. Cette situation ne favorise pas l’accès au travail décent auquel s’est pourtant engagé l’Etat malagasy afin d’atteindre les Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030. .
Une plateforme nationale de la recherche, l’innovation et l’emploi est mise en place
Le 12 avril, les représentants du Comité National de Recherche et de Développement, des groupements des employeurs (GEM, FIVMPAMA) ainsi que de la conférence des travailleurs de Madagascar ont procédé à la signature de la convention-cadre régissant la plateforme de la recherche, l’innovation et l’emploi. Cette plateforme est un cadre actif de concertation, d’échanges et de coordination qui vont constituer une solution structurante concrète, profitable et pérenne à la promotion de la recherche, de l’innovation et de l’emploi. Cette signature formalise la volonté de chaque partie d’améliorer dans le contexte de l’économie de la connaissance, l’employabilité et l’insertion des jeunes durant et au terme de leurs études, d’adapter les programmes de formation universitaire aux besoins des entreprises et impliquer ces dernières dans le système d’enseignement et de formation, de promouvoir continuellement des innovations pour une meilleure compétitivité, productivité et croissance des activités des entreprises et d’assurer la visibilité des compétences des chercheurs et valoriser les résultats de travaux de recherche entrepris.
La mise en place de cette plateforme accompagne la mise en œuvre du projet BIT-PACER (Projet d’Appui à la Création d’Emploi par la Recherche), lancé en juillet 2016. Christian Ntsay, directeur du bureau pays de l’OIT pour Madagascar, Maurice, Comores et les Seychelles a souligné à l’endroit des signataires de la convention-cadre « il s’agit d’une réussite d’un cheminement qui n’attend que d’être suivi d’effet par rapport à l’objectif recherché et l’OIT mesure les défis qui attendent les principaux acteurs, que vous êtes, dans le fonctionnement et le développement de ces plateformes puisque les enjeux de développement d’aujourd’hui et de demain reposent sur ce concept de la recherche et de l’innovation au bénéfice du progrès économique et de l’épanouissement social ». L’Organisation Internationale du Travail, le Service français de coopération et d’action culturelle et le Projet PAGESUPRE (Projet d’Appui à la Gouvernance de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour une meilleure Employabilité) appuient cette plateforme.
Outre la valorisation de la recherche, l’enseignement de base reste un problème de taille. Le défi est-il possible à relever lorsque 14% des jeunes ne sont pas scolarisés (d’après l’Institut National de la Statistique) et que près de 70% ne dépassent pas le niveau primaire ? Par ailleurs, comme la stratégie vise le long terme, la continuité des différentes actions et initiatives doit s’imposer et ce malgré les alternances que doivent s’opérer en matière de gouvernance du pays.
■ V.M