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Catégorie : Société
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Pendant des années, les enseignants réclament l’attention des décideurs politiques pour la valorisation de la profession
Pendant des années, les enseignants réclament l’attention des décideurs politiques pour la valorisation de la profession

L’éducation nationale passe par une période critique à Madagascar. Le ministère de l’éducation nationale soutient avoir fait le maximum en réponse aux revendications des enseignants, les syndicats quant à eux campent sur leur position et maintiennent la grève… La situation est bloquée

Une lutte pour l’estime

Pendant des années, les enseignants ont revendiqué un meilleur traitement qui ne se limite pas aux questions de salaire ou d’indemnité, mais à une considération beaucoup plus adéquate du corps professionnel en rapport à sa mission. Il faut pour les enseignants, plusieurs années de lutte pour qu’ils se fassent entendre. Les syndicats de la Solidarité Syndicale de Madagascar, dont ceux de l’éducation et de l’enseignement ont intégré les manifestations menées par les députés qui au final ont permis l’expression des mal-être de tous les secteurs et des quatre coins de l’île. Les syndicalistes ont estimé alors que la participation à toute manifestation ayant la potentialité d’attirer les attentions serait efficace. Et cela en se gardant de ne pas véhiculer des messages politico-politiciens, souligne Fama Razafimahazo de la Solidarité Syndicale de Madagascar. Les syndicalistes ont limité leurs expressions sur la politique concernant le travail et leurs corps respectifs. La manifestation menée depuis le 21 avril par les députés a pris fin, à la suite d’accords politiques conclus par les protagonistes politiques. Les syndicalistes, après avoir qualifié de trahison l’abandon des députés, ont décidé de poursuivre leur lutte pour que leurs actions ne soient pas conditionnées par les politiques. Les syndicats des enseignants sont déterminés à obtenir gain de cause et les cours, tout comme les activités administratives en rapport à l’éducation nationale et l’enseignement sont suspendues dans les établissements scolaires publics et les services déconcentrés de l’éducation nationale.

Les solutions trouvées ne satisfont pas

Après une réunion de deux jours (2 et 3 juillet), le comité technique chargé de trouver une issue à cette crise s’est accordé sur le fait d’accélérer le traitement des avancements, d’augmenter l’indemnité de 25 000 ariary, et que chaque enseignant obtiendrait une indemnité spéciale de 25 000 ariary (indemnité de craie et indemnité d’éloignement) en 2019. Les indemnités de fonction, indemnité forfaitaire d’enseignement, indemnité forfaitaire de résidence augmentera de 50 000 ariary à partir de 2020. Les enseignants sortant des CRINFP (centres régionaux de l'Institut national de formation pédagogique) seront classés dans les catégories 3 et 4 à partir de 2019… Ce comité technique a été composé de huit représentants des syndicats des enseignants, de trois techniciens du ministère de l’Education Nationale et de technicien du ministère chargé de la fonction publique ainsi que du ministère des finances et du budget. Les grévistes ne cèdent pas aux promesses dont la plupart ne vont se réaliser qu'à partir de 2019 et rejettent ce que le comité a trouvé comme solution. Le Premier Ministre Christian Ntsay continue d’appeler les protagonistes à trouver une solution puisque les élèves se retrouvent otages de la situation. Alors que les parents d’élèves craignent une année blanche, le ministère de l’éducation nationale soutient que les examens officiels auront lieu. Les examens pour l’obtention du CEPE se feront le 14 août et pour le BEPC du 3 au 6 septembre.

Les syndicalistes dans l’attente de la volonté politique du législatif et de l’exécutif

Pour le syndicat des enseignants éducateurs de Madagascar, SEMPAMA (sendikan’ny mpampianatra mpanabe eto Madagasikara), les responsables indiqués de ce blocage sont les députés. D’après, Bodo Ranivoarisoa, secrétaire générale du syndicat, « deux projets de loi (005/2012 du 28 novembre2012, 006/2012 du 28 novembre 2012) relative à la valorisation de la profession des enseignants de l’Education nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle ont été votés au Sénat. Ils ont été transmis à l’Assemblée Nationale, mais jusqu’à la dernière session parlementaire de ce mois de mai, leur étude ou adoption n’ont été intégrées dans l’ordre du jour ». D’après Rajohanesa Zo Barindriaka, secrétaire général de la confédération SEMPAMA, région Analamanga, les projets de loi regroupent l’ensemble des revendications des syndicalistes pour le bien-être des enseignants et éducateurs ainsi que la valorisation de la profession. Pour SEMPAMA Nosy, un autre syndicat d’enseignants, les exigences concernent entre autres l’alignement de la grille indiciaire pour tous les agents de l’Etat à Madagascar et la hausse à 100 000 ariary des indemnités de chacune des quatre rubriques. Le ministre de l’éducation nationale, Horace Gatien soutient que l’Etat a déjà fait un pas en accordant ce qui est possible au niveau du budget. Pour les enseignants syndicalistes, les décideurs n’ont pas de réelle volonté de résoudre les problèmes, les enseignants comptent ne plus se laisser faire.

■ V.M