Guy Kamisy John (dit John John) est candidat député de Madagascar dans la circonscription électorale d’Antsiranana I
La lutte contre la corruption, les libertés fondamentales… ce sont ces sujets que les électeurs aimeraient voir pris en considération par la future représentation nationale qui sera issue des prochaines élections. La Tribune de Diego est allée à la rencontre de quelques uns des candidats à travers le pays pour prendre la température sur ces questions
Rencontre avec Guy Kamisy John (dit John John) est candidat député de Madagascar dans la circonscription d’Antsiranana I
LTD : Quelle serait votre position par rapport au projet de loi sur le recouvrement et l’affectation des avoirs illicites qui n’a pas pu être adopté durant le précédent mandat ? La société civile a récemment interpellé le Président de la République à légiférer par voie d’ordonnance puisque sa mise en vigueur est des plus urgentes. Si le Président ne légifère pas par voie d’ordonnance avant le début du mandat des députés, ce projet de loi ne manquera pas de figurer à l’ordre du jour.
Je ne crois pas qu’il puisse y avoir de développement si nous ne luttons pas d’abord contre la corruption. La corruption conduit à une répartition inéquitable des richesses et est à l’origine même de la pauvreté. Pour moi, la lutte contre la corruption et la poursuite des personnes corrompues doivent toucher toutes les hiérarchies. Ceux qui dirigent ne peuvent pas « serrer » ceux qu’ils dirigent s’ils sont eux-mêmes corruptibles ou corrompus. Je suis dans ce raisonnement et si je suis élu, je m’engage à me battre pour que ce projet de loi passe à l’étude des parlementaires et au vote.
LTD : Qu’est-ce qui constituerait une garantie de votre incorruptibilité puisque nous pouvons imaginer que chaque député pouvait avoir cette intention de refuser la corruption lors de leur prise de fonction ? Qu’est-ce qui ferait la différence dans votre cas ?
En ce qui me concerne, je me suis donné un engagement moral. Je pense beaucoup au futur, à mon futur et à l’histoire que je vais laisser. Je voudrais que les gens se souviennent de moi comme étant la personne qui a accompli des choses pour eux. Je tiens à ce que mon nom ne soit pas cité dans des affaires de « mallettes » (fait référence à l’achat de vote à l’Assemblée Nationale lors du précédent mandat, NDLR) et autres histoires de corruption.
Mais d’une manière générale, je crois qu’il est important que des mesures et des sanctions qui préviendraient la corruption soient inscrites dans le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. L’immunité parlementaire ne devrait même pas être évoquée, d’après moi, lorsqu’il s’agit de corruption. Et d’ailleurs, la privation de certains privilèges devrait être appliquée aux absentéistes. Je peux comprendre que chacun ait des empêchements, mais déserter l’Assemblée Nationale au moment où des décisions importantes pour la Nation doivent être prises est irrespectueux vis-à-vis des électeurs et irresponsable. Les comptes-rendus et rapports que je ferais à la population après chaque session parlementaire constitueraient aussi une balise à la corruption et aux absences des sessions.
LTD : La crainte par rapport aux candidatures qui ne sont pas issues de parti politique est que le député, une fois élu, ne serait pas discipliné. Qu’il serait libre de changer de camp à tout moment. Votre candidature est indépendante, quel est votre avis sur ce point ?
Je ne serais pas libre de changer de camp parce que tout le monde à Diego Suarez sait que j’ai soutenu Andry Rajoelina à l’élection présidentielle. Je crois en sa vision. Il est des plus logiques que je rejoigne le groupe parlementaire de son parti, si je suis élu.
LTD : Le ministère de la communication et de la culture a manifesté son intention de réformer le code de la communication. Ce code a été contesté pour son contenu qualifié de liberticide. Pour vous, est-ce utile ? Pourquoi ?
La première chose que je tiens à défendre est la diffusion des informations sur tout le territoire. De permettre à ceux qui investissent dans la communication de toucher toute la population. Je me battrais aussi pour que l’ordre des journalistes obtienne son indépendance vis-à-vis du ministère de la communication. D’un côté, il faut que les journalistes se sentent libres dans l’exercice de leur métier et ne pas avoir à se soucier continuellement des recommandations ou autres réprimandes du ministère. Ce sont les restrictions qui privent les citoyens d’informations fiables et qui finissent par créer le désordre. D’un autre côté, cela demande une grande responsabilité des journalistes.
LTD: Avez-vous des causes particulières à défendre durant votre mandat, si vous êtes élu ?
Je tiens particulièrement à la lutte contre la corruption et si des assainissements en matière de lois ou des réformes qui tendent à la rendre plus efficace sont enclenchés, je les soutiendrais. La situation des personnes âgées, des retraités, est lamentable. Je travaillerais à rendre plus efficiente l’administration pour que le processus ne soit plus aussi lent. Il y a des retraités qui attendent jusqu’à six mois pour pouvoir jouir de leur droit à la pension à la retraite. Par ailleurs, beaucoup de travailleurs à Madagascar sont dans l’auto-emploi, il faudrait réfléchir à comment ils vont vivre lorsqu’ils ne pourront plus travailler. Un système de sécurité sociale devrait être mis en place parce que je trouve qu’il est possible de fixer une cotisation et de leur donner la possibilité de prévoir leurs vieux jours. Je m’engagerais aussi à trouver des solutions aux étudiants, aux problèmes de logement notamment. En fait, je me concentrerais beaucoup sur tout ce qui concerne le social.
■ Propos recueillis par V.M