Orange : pays partiellement démocratique
Rouge : pays non démocratique
Source : Freedom House world map 2009 / Wikimedia Commons
5 ans maintenant que l’on célèbre la journée mondiale de la démocratie. Cette année le thème était « Jeunesse et démocratie » ; le but étant de responsabiliser les jeunes non seulement en leur donnant la parole, mais surtout en les écoutant.
A Madagascar, les élèves apprennent la définition de la démocratie en éducation civique au collège. C’est en Terminale qu’on l’approfondit et lorsqu’on pose la question : « qu’est-ce que la démocratie ? » à quelques lycéens de Diego Suarez, la plupart nous répond par la célèbre formule de Lincoln : « c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. »
Concours de slam, projections de films, débats autour de ce thème ont été organisés dans la capitale par des associations de jeunes en collaboration avec le Friedrich Ebert Stiftung, l’Union européenne, le PNUD et l’Ambassade de France.
Mais il est bien difficile aux jeunes, à ceux avec qui nous avons discuté à Diego, de passer de la théorie à la pratique. Surtout que dès que l’on parle de démocratie, à part la définition, les avis se diversifient et l’incompréhension s’installe. Ainsi, certains disent que leurs parents et la plupart des adultes ne les écoutent pas et ne leur permettent pas de donner leurs avis, il n’y a donc pas de démocratie. D’autres pensent que la démocratie est quelque chose de vraiment inaccessible et les discours s’y rapportant sont réservés aux politiciens et aux dirigeants.
A la question : quels moyens les jeunes disposent-ils pour faire entendre leur voix et pour qu’il y ait effectivement démocratie à Madagascar ?
Lily, 16 ans, en classe de seconde: « ce n’est qu’à travers les mass-médias que nous pourrions véhiculer nos idées, mais je ne sais pas si les dirigeants vont nous écouter car les points de vue des plus jeunes ne comptent pas tellement parce qu’on dit que nous ne sommes pas mûrs ».
Fabio, 24 ans, universitaire : « les lycéens et les universitaires n’ont pas beaucoup de moyens pour s’exprimer, surtout lors que nous voulons dénoncer certaines pratiques et injustices. Alors, nous descendons dans les rues. Mais là aussi, les « grands » s’empressent de nous jeter en prison… »
André, 32 ans, sans emploi : « je crois qu’il n’y a qu’un seul moyen, être politicien, faire partie du parlement, membre du sénat ou de l’assemblée nationale. Parce que sincèrement qui voudrait écouter un homme de 32 ans au chômage et vivant si loin de la capitale ? Mais combien de jeunes de moins de 40 ou 35 ans peuvent être élus députés ? C’est assez rare à Madagascar, on ne fait confiance qu’aux plus âgés. »
Tiana, 30 ans, cadre dans une entreprise à Diego : « je pense que ce ne sont pas les jeunes d’aujourd’hui qui parviendront à faire de Madagascar un Etat démocratique, nous devrions lutter et ne jamais cesser d’émettre nos points de vue, individuellement ou en formant des associations, dans toutes les situations et circonstances dans lesquelles nous nous trouvons et par tous les moyens. D’ici quelques années, plus âgés, nous pourrions apprécier ce que nous avons apporté à ce pays ».
Le 15 septembre le Conseil Supérieur et le Congrès de la Transition ont organisé une conférence au palais du Sénat Anosy portant sur le thème choisi par l’Organisation internationale des parlements : « Ce que les citoyens attendent du parlement ». La vice-présidente du CST et secrétaire générale du parti TGV, Mme Lanto Rakotomavo, lors de son allocution a rappelé qu’en démocratie, le pouvoir n’appartient qu’au peuple, les élus l’exercent suivant seulement la volonté du peuple, il ne s’agit que d’un emprunt.
En malgache, député se dit solom-bavambahoaka (celui qui parle au nom du peuple), fonction assumée actuellement par le membre du congrès de la transition et sénateur veut dire loholona : personne âgée que l’on respecte et que l’on écoute. Ces mots parlent donc d’eux-mêmes, ce que les citoyens attendent c’est que les parlementaires transmettent effectivement à l’exécutif leur demande et leur besoin.
Terminons avec cette phrase de Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU : « On ne naît pas bon citoyen et il n’existe pas de nation démocratique par essence. Ces deux états sont des processus perpétuellement en marche. Les jeunes doivent y participer dès la naissance. Une société qui se coupe de sa jeunesse rompt une artère vitale ».
■ V.M.