Imprimer
Catégorie : Société
Publication :
Panneau de sensibilisation  Tanana Madio sur la plage d'Ambatoloaka
Panneau de sensibilisation Tanana Madio sur la plage d'Ambatoloaka

À Ambatoloaka, les villageois ont pris en charge au fil des années la gestion de leurs déchets grâce aux structures mises en place par Tanana Madio. Cette association cherche actuellement à généraliser son action sur toute l'île

Créé en 1995, l'association Tanana Madio assure aujourd'hui à Ambatoloaka la propreté publique. Cette action a été rendue possible grâce à la prise de conscience des villageois qui, au fil des années, ont pris en charge la gestion de leurs déchets grâce aux structures mises en place par Tanana Madio. Cette association cherche actuellement à généraliser son action sur toute l'île pour une gestion encore plus efficace des déchets. Rencontre avec son président Gérard Poulteau pour comprendre comment une telle action concertée a été possible.

L'histoire de Tanana Madio

Gérard Poulteau, le fondateur et président de l'association Tanana Madio, se souvient que tout a commencé de manière informelle. Il n'y avait pas vraiment d'association, l'objectif était simplement de nettoyer les trois villages d'Ambatoloaka, Madirokely et Dar Es Salam. Des charrettes à zébus ainsi qu'un camion étaient utilisés pour mener à bien ce travail. Un particulier fût même mis à contribution pour reprendre cette activité mais ce choix se révéla vite infructueux. Les poubelles n'étaient ramassées que pour ceux qui payaient et le village n'était pas nettoyé. Gérard Poulteau fût alors obligé de reprendre le bébé et de constituer une véritable association : Tanana Madio. C'est à partir de ce moment, qu'a pu être pris en charge la propreté des trois villages peuplés de cinq mille personnes. Aujourd'hui, cent quatre vingt participants (hôteliers, restaurateurs, opérateurs, etc.) contribuent financièrement au projet pour un budget de fonctionnement qui tourne autour de deux à trois millions d'Ariary par mois. Cela permet de nettoyer les dépôts sauvages, de balayer les rues, de curer les marigots, d'entretenir les wc d'Ambatoloaka, de payer les ouvriers, etc.

Actions menées par Tanana Madio
Le nouveau bloc sanitaire Tanana Madio d'Ambatoloaka
Le nouveau bloc sanitaire Tanana Madio d'Ambatoloaka

Grâce à l'action de Tanana madio, les gens ont pris l'habitude aujourd'hui de mettre leurs déchets dans des bacs bleus en plastiques mis à leur disposition sur le bord de la route. Six charrettes à zébu sviennent quotidiennement collecter les ordures acculées dans les bacs bleus pour les acheminer ensuite dans un site de dépôt des déchets solides situé à Dar Es Salam. Cette aire de transit qui a été financée par le GIZ, est cloturée, comprend un quai de chargement en béton et sert également à garder les zébus. Les déchets y sont compostés après tri sélectif. D'autre part, des toilettes gratuites ont été installées à Ambatoloaka. Deux ouvriers salariés sont employés pour les surveiller et les réparer. Au total douze salariés (directeur, charretiers, balayeurs, gardien de site, collectrice des participations) permettent à l'association de fonctionner. Une action de propreté publique a été également menée par Tanana Madio pour nettoyer les plages. Avec l'arrivée massive des touristes et le rejet systématique des ordures dans la mer, se souvient le président de l'association, les plages étaient sales. Heureusement, nous avons pu constater que la plage d'Ambatoloaka conserve pour le moment sa beauté grâce aux équipes de Tanana Madio qui nettoient la plage deux fois par semaine pour collecter les plastiques. Tanana Madio tend à travers toutes ses actions à sensibiliser la population à la question de l'hygiène publique, en particulier auprès des jeunes des écoles.

Quelques récalcitrants.

En réalité, regrette Gerard Poulteau, « on devrait être plus de quatre cent participants mais plus de la moitié refusent de payer pour diverses raisons. Certains considèrent que ce travail relève de la mairie, d'autres ont envie de vivre librement sans contrainte et n'ont pas envie d'enrichir des vazahas, ou encore » s'amuse Gérard, « certaines personnes ne comprennent pas pourquoi payer alors que c'est propre… ».
De même, en ce qui concerne les plages, de mauvaises habitudes persistent. Selon cette association, des villages comme Andavakotokona rejettent encore leurs ordures en bord de mer qui se répartissent par la suite sur les plages de la côte. « Le jour où l'on aura empêché que l'on rejette les déchets vers la mer, ça sera une bonne chose » nous confie Gérard Poulteau.

L'avenir de Tanana madio : l'EDEN

Tout est parti de l'idée qu'il fallait créer une colonne vertébrale de ramassage des déchets entre Hell-ville et le nord de l'île de Nosy-Be. Mettre des postes où les gens peuvent venir stocker leurs déchets dans les différents fokontany, les différents hôtels ou maisons, puis ramener les déchets des différents postes avec des camions sur le site d'Ambalamanga au nord de Dzamandzar. Pour le moment, ce site est encore sauvage mais il devrait être aménagé aux normes internationales d'après le président de Tanana Madio, et ce grâce au budget de la Banque Mondiale. Des prestataires prendraient alors en charge le site de décharge et d'enfouissement des déchets. Une autre société s'occuperait du traitement de ces déchets. Un espace serait également aménagé sur ce site pour effectuer du compostage, du tri sélectif des plastiques…Ainsi l'EDEN (Etablissement de gestion des Déchets à Nosy Be) serait en quelque sorte une prolongation du principe de Tanana Madio. Son objectif serait d'instaurer à Nosy Be un système de gestion des déchets solides efficace et pérenne, profitant à l'ensemble de sa population et préservant son environnement ainsi que son image de destination touristique. Selon le président de Tanana Madio « c'est avant la fin de l'année 2012 que tout devrait être opérationnel. Au moins les fonctionnements de base ». Elle sera alors une entreprise d'économie mixte habilitée à percevoir des taxes qui seront reversées au trésor public.
Rendez vous fin 2012 …
■ C.B.