Les universités de Madagascar sont depuis quelques années face à un dilemme : la réforme du système de l'enseignement et de la recherche. Le basculement vers le système Licence, Master, Doctorat
Avant 2015, toutes les universités publiques et privées devraient être reformées afin de pouvoir suivre le mouvement des universités occidentales. Certes, des préparations, pédagogiques surtout, à ce basculement sont en cours, mais réformer les six universités de la Grande Île avec leurs dizaines de départements respectifs n'est pas une tâche facile pour l'Enseignement Supérieur.
Le 30 mars, le Président de l'Université a communiqué à la presse l'évolution de l'Université d'Antsiranana dans la réforme vers le système LMD (Licence-Master-Doctorat). Il a rappelé que le texte de cadrage date de 2010 ainsi que les principaux arrêtés ministériels d'application de ce décret n°2008-179. Pendant trois jours, soit les 26, 27 et 28 mars, des séances de travail des comités scientifiques élargis de toutes les Facultés se sont tenues à l'Université. La présidence de l'Université a aussi invité ses principaux partenaires : les Directeurs du Développement Régional des trois Régions notamment, DIANA, SAVA et Sofia, pour les collaborations que nécessitent la mise en place de SEV ou Site d'Expérimentation et de Vulgarisation. Du point de vue pédagogique, les SEV sont des lieux d'apprentissage et de pratique, de recherche et de développement visant le développement culturel, social et économique de chaque région.
Les universités européennes ont déjà fait savoir qu'ils ne reconnaîtront plus que les diplômes obtenus du système LMD à partir de 2015. Les universités publiques et privées de Madagascar ne peuvent donc éviter le basculement vers ce système d'autant plus qu'il favorise les échanges et la mobilité des étudiants, des chercheurs et des enseignants. Pourtant, Madagascar est à la traîne surtout que l'on n'est toujours pas sorti de la crise qui ralentit l'avancée. En effet, le système LMD, pour qu'il soit efficace nécessite la disponibilité de ressources humaines et d'infrastructures : laboratoires de recherches et personnel enseignant qualifié. Pour l'obtention des diplômes Master et Doctorat, les enseignants doivent avoir au minimum, le grade de Maîtres de conférence. Ce qui handicape déjà les universités de Madagascar car le problème lié au manque d'enseignants qualifiés ne date pas d'hier.
Pour les vingt et un établissements supérieurs homologués par l'Etat, un contrôle de mise aux normes et des demandes d'habilitation sont nécessaires pour le basculement vers le système LMD.
Pour les recherches que les étudiants auront à faire ainsi que les cours qui nécessitent l'intervention d'enseignants qualifiés, Internet pourrait être la solution. Dans ce cadre, les coopérations avancent tant au niveau national qu'à l'Université du nord de Madagascar. Au niveau national, la coopération avec l'AUF (Agence Universitaire de la Francophonie), le projet MADES notamment ont permis la création de sites et portails pour faciliter l'accès aux documents, aux cours et aux offres de bourses d'études. Sont déjà mis en place par exemple le MadaRevues, site du Ministère de l'Enseignement Supérieur, Madagascar Digital Library et le portail des thèses et mémoires électroniques. Dans l'UNA, les enseignants de l'Ecole Normale Supérieure pour l'Enseignement Technique ou ENSET ont bénéficié d'une formation donnée pas le Dr Werner E. Breede, membre du Senior Expertan Service ou SES. La formation portait sur « la mise en ligne des activités pédagogiques de l'ENSET de l'Université d'Antsiranana ». Elle ouvre donc déjà la voie vers l'entrée dans le système LMD en facilitant l'accès aux cours que les apprenants pourront lire via Internet. La cérémonie de clôture de cette formation s'est tenue à la Bibliothèque Universitaire le 30 mars 2012. D'après le Directeur de l'ENSET, M. Rakotondrasoa Honoré, cette formation a pu avoir lieu grâce à une collaboration tripartite : l'Université d'Antsiranana, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Diego-Suarez et le SES. « La mise en ligne des cours est une solution au problème de salles, les étudiants peuvent étudier à distance, mais sont suivis de très près par les enseignants » a-t-il indiqué, avant d'ajouter qu'il s'agit de mettre en place une plateforme d'échange d'idées. Mais l'ENSET a encore à réaliser des recherches avant la mise en application de cette formation. Etudes et recherches que les enseignants formés et qui sont divisés en trois cellules se chargent d'effectuer, parmi les points sur lesquels ils vont se concentrer : comment développer les acquis pour l'UNA et pour les autres universités ?
■ V.M.