Dans les pays développés, une attention particulière est accordée aux femmes enceintes de jumeaux ou de triplés : analyses, échographies et contrôles plus fréquents. Qu'en est il à Madagascar ?
A Madagascar, aucune distinction spécifique n'est observée. Cela se comprend car à l'heure actuelle, le plus important est de sensibiliser les femmes enceintes à suivre leur grossesse dans les centres de santé.
Selon le FNUAP ou Fonds des Nations Unies pour la Population, 80% des femmes enceintes à Madagascar effectuent une consultation prénatale et 51% des accouchements seulement sont assistés par du personnel médical. Les conséquences d'une absence de consultation prénatale et du fait d'accoucher sans personnel qualifié sont souvent fatales. Ce qui contribue malheureusement à faire augmenter le nombre de décès maternel pendant et après l'accouchement : 169/100 000 femmes selon toujours le FNUAP.
Ce qui signifie que jusqu'à aujourd'hui l'attention et les soins particuliers dépendent surtout de l'état de santé de la mère et du fœtus, qu'il s'agisse de grossesse gémellaire ou monofoetale.
Nous avons rencontré le Dr Noro Rakotonirainy, médecin responsable de Marie Stopes Madagascar à Antsiranana, une organisation sociale (un centre de santé) qui fournit des services de planification familiale, de santé de la reproduction et sexuelle, de santé maternelle et infantile de médecine générale, d'analyse et d'échographie. Elle nous a expliqué comment se déroule le suivi de grossesse dans le pays.
Au sein des établissements sanitaires privés, la consultation prénatale est effectués chaque mois, l'échographie au moins trois fois pendant la durée de la grossesse, des analyses de sang et d'urine à partir du troisième mois de grossesse et les vaccins antitétaniques.
Elle nous indique qu'il est possible de savoir, à partir de quelques jours après la fécondation, s'il s'agit d'une grossesse gémellaire, multiple ou monofoetale par échographie.
A la naissance de jumeaux, de triplés ou plus, il y a toujours un parmi les nouveau-nés qui est plus faible. Les causes sont nombreuses, cela peut être dû à un entremêlement des cordons ombilicaux qui conduit à une mauvaise « perfusion », le débit sanguin qui alimente la masse placentaire ne double pas donc la composition des placentas (s'il y en a deux)est non seulement inégale, mais inférieure à la moyenne…
La grossesse gémellaire ou multiple est une grossesse à risque puisqu'elle est exposée à des complications telle qu'une fausse couche, la mort d'un des fœtus ou une naissance prématurée voire très prématurée. Pour ce qui est du décès de la mère après ou pendant l'accouchement, selon toujours le Dr Noro Rakotonirainy, les risques sont les mêmes autant pour une mère qui met au monde un enfant. La mortalité maternelle peut avoir pour cause une hémorragie, une hypertension artérielle, des embolies amniotiques et pulmonaires, des infections de l'appareil génito-urinaire etc.
Pour ce qui est des nourrissons dont la mère est décédée, l'attention devrait se porter sur leur nutrition. Comme ils ne sont donc pas allaités, ils sont nourris aux laits infantiles vendus en boîte en pharmacie, adaptés à leur âge et leur poids. « Il arrive que les gens nourrissent les nourrissons avec des laits inadaptés, entrainant bien évidemment de graves problèmes de santé » avance le Dr Noro. Par ailleurs, tout nouveau-né doit être suivi par le personnel médical : l'alimentation, la croissance, le développement psychomoteur … et ce jusqu'à ce qu'il gagne en autonomie.
Des études effectuées par des universités européennes démontrant les facteurs favorisant les grossesses gémellaire et multiple ont permis de savoir que 16 sur 1000 Africaines ont la chance d'avoir des jumeaux contre 3 pour 1000 Asiatiques. Ce qui signifie que la grossesse multiple peut avoir une origine ethnique.
■ V.M