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Catégorie : Société
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Affiche de sensibilisation à la lutte contre la prostitution

Harisoa Raoelison et Aurore Delcourt de la branche Protection de l'enfant de l'UNICEF à Madagascar ont réuni de nombreuses associations de femmes d'Antsiranana et d'Ambilobe mardi 11 décembre au Centre d'Ecoute et de Conseil Juridique

Le but de cette rencontre était de faire l'état des lieux de l'exploitation sexuelle des enfants dans le nord de Madagascar, quelles en sont les causes, quelles sont les actions entreprises ou que ces associations entendent entreprendre pour lutter contre ce fléau.

Sameva, Association Femmes et Développement, association des Femmes Musulmanes, Fanamby… Une dizaine d’associations de femmes, soit une trentaine de femmes se sont réunies au CECJ d’Antsiranana. Harisoa Raoelison de l’UNICEF ou United Nations International Children’s Emergency Fund, a souligné que les efforts menés par toutes les régions de Madagascar dans la protection de l’enfant sont très différenciés. La région nord est parmi celles les plus avancées, cependant ces efforts devraient apporter des changements concrets et effectifs au sein des sociétés.
Zananesy, la responsable du CECJ d’Antsiranana a avancé que certains types d’exploitation sexuelle des jeunes filles sont liés à la culture. Il s’agit par exemple du mariage précoce et arrangé par les parents, les abus sexuels pratiqués par des chefs cultuels et des tradipraticiens… Mais la forme la plus courante et la plus répandue est celle à visée commerciale. Le problème est que l’existence d’enquêtes sur l’exploitation sexuelle est inconnue et si elles existent, elles ne sont pas à jour.  Selon ces associations de femmes, il existe dans la ville d’Antsiranana « des maisons de passe qui livrent les jeunes filles à des clients », les boîtes de nuit, les sites de rencontre et même les membres de la famille qui facilitent les relations de ces enfants (garçons ou filles) avec des personnes plus âgées (hommes ou femmes). Mais il y a aussi des cas où des jeunes filles, employées de maison sont exploitées sexuellement par leurs employeurs. Les difficultés rencontrées par les parents dans l’éducation de leurs filles ont aussi été discutées dont entre autres les tenues vestimentaires influencées par la mode d’autres pays: trop dénudées, trop courtes, trop transparentes, etc.
Pour la prévention, la conception d’émissions télévisées et radiophoniques pour sensibiliser les jeunes est en cours. Pour l’association des femmes musulmanes, l’objectif des sensibilisations est la revalorisation de la culture et de la morale malgache. Le CECJ collabore avec l’Office du tourisme pour la sensibilisation et c’est la PMPM (Police des Mœurs et de la Protection des Mineurs) qui s’assure de la répression en effectuant des contrôles réguliers des lieux potentiellement fréquentés par les mineurs et les personnes dont elle a reçu le signalement. Des agents mobilisateurs ont été formés au sein des fokontany et ceux-ci peuvent signaler aux autorités compétentes ou au CECJ les suspicions de cas d’exploitation sexuelle ou de violence envers les enfants. Ce type de collaboration est déjà opérationnel dans les quartiers de Lazaret nord, Lazaret sud, Namakia et dans la commune rurale d’Antanamitarana.

Pour ce qui est des actions déjà entreprises, le CECJ d’Antsiranana a jusqu’ici accompagné (juridiquement) et pris en charge trois cas ayant touchées des jeunes filles victimes d’abus sexuels. Actuellement, une enfant rejetée par ses parents à cause de relations incestueuses est prise en charge grâce à la participation d’associations de femmes. C’est l’association Fanamby qui se charge de son hébergement,  le VMLF pour l’habillement, d’autres partenaires s’occupent de sa scolarisation. Un cas récent concernait une fille de 14 ans, violée, enceinte puis qui a dû subir des opérations chirurgicales vesico-urinaire et recto-vaginale à la suite d’un accouchement hors d’établissement sanitaire. Sa famille a été soutenue psychologiquement et financièrement par le CECJ et le Kikoo hôtel de Diego Suarez.
■ V.M