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Malgré l’absence de structures encadrant le sport à Antsiranana. une centaine d’associations sportives existent. Les arts martiaux sont une fierté locale.


Ces derniers temps, le sport antsiranais n’a pas trop la pêche. La cause principale? Un manque de discipline et de maturité au sein des différents clubs et surtout, auprès des instances dirigeantes, tant au niveau des ligues qu’au niveau des autorités locales.

 

Le manque d’initiatives et d ’ investisseurs se fait sentir. Les actions menées jusqu’ici ne sont le plus souvent que ponctuelles : pas de suivi, pas d ’ évaluation...
Les dirigeants de la plupart des disciplines sportives se contentent d’organiser des compétitions routinières et événementielles . Ainsi, si le match de foot opposant l’équipe de “Zanak’Avaratra” Diego à celle de la capitale est à la hauteur des attentes du public, le tournoi régional de basket ne remplit même pas le quart du gymnase couvert. Dans bien des cas, les gradins sont vides ! Et l’absence d’une politique de développement du sport régional au sein du ministère de tutelle n’aide pas vraiment à améliorer la situation. Il y a plusieurs raisons d’espérer cependant.


Tatainy, l’une des célèbres lutteuses de Moraingy (Ph F.M)

Dans les quartiers, les initiatives ne manquent pas, même si le manque de moyens financiers pèsent sur ces bonnes volontés. L’on enregistre ainsi une centaine d’associations sportives. Généralement elles ne survivent que grâce aux cotisations des joueurs qui alimentent les caisses, car les dons et autres soutiens privés ont baissé en raison du manque de sérieux dans la gestion des budgets et des programmes.
Mais heureusement, certains dirigeants de clubs commencent, actuellement, à reconnaitre que le sport antsiranais ne pourra se développer que dans le cadre d’une formation exigeante. Ainsi, des projets d’implanter un centre de formation de football sont en gestation. Et des responsables volontaires, sans rémunération entraînent dès à présent et gratuitement des enfants en vue de compétition ou de championnat, même s’ils sont mal considérés par la ligue ou la section officielles. Le basket est également très prisé et la ville est en train de se forger une bonne réputation dans ce domaine. Mais il est un domaine dans lequel Antsiranana se distingue : les arts martiaux. L’association des maîtres des Arts martiaux d’Antsiranana est structurée, agrégée et assurée. C’est une exclusivité à Madagascar.
Au Dojo, ex bisness, on peut apprendre le Kung Fu, le Judo, l’Aikido, le Karaté grâce à la compétence de personnes diplômées. « Cela évite aussi la création de clubs fantômes qui entraînent les Foroches », explique Alain Rossi, maître en Aikido. Cette structure sérieuse a permis à certains membres de se mesurer à l’extérieur de la ville avec succès, notamment en judo ou en karaté.
Enfin, la lutte traditionnelle Moraingy continue à drainer des foules immenses…Les grands noms de la “boxe” traditionnelle du Nord comme Totohely ou Andrianabe ont toujours leurs fans. Certains tentent désormais de structurer la discipline et de faire connaître cette lutte traditionnelle au dela des frontières de la région du Nord.

Pascal R.

 


La saison du Moraingy a démarré


Pour saisir ce qu’est le fair-play dans un sport de combat, il faut aller voir la lutte traditionnelle antankarana, « moraingy » : on se bat, on blesse et saigne l’adversaire et pourtant à la fin on se serre la main, parfois on s’embrasse, sans aucune rancune!
Ici, pourtant, il n’y a ni ring, ni salle, ni tatamis. Le moraingy, qui est proche des luttes traditionnelles de l’Ocean indien et aurait été importé par les esclaves des îles françaises se pratique sur le sol et à mains nues. Il met face à face deux lutteurs appelés « fagnorolahy ».
Chez les Antankarana, les coups de pieds et de poings sont permis, le but étant de mettre l’adversaire K.O, sinon de porter le plus de coups possibles, car celui qui a le plus de blessures est déclaré vaincu (chaque blessure vaut deux points).
Un arbitre est là pour maîtriser le combat, ce qui peut s’avérer délicat car les spectateurs ne sont pas toujours aussi fair play que ‘leur’ lutteur….
Autrefois, selon la tradition orale, le moraingy était une manière de se préparer à la guerre. Les Antankarana le pratiquaient au clair de lune et tous les dimanches au retour de la moisson. Des jeunes gens d’un village venaient défier ceux d’une autre localité, si ces derniers acceptent l’invitation à se battre.
Actuellement, des parties de moraingy sont organisées à Antsiranana tous les samedis et/ ou dimanches, quand la saison de pluie prend fin c’est-à-dire entre les mois de mai et octobre. Elles ont lieu soit au gymnase d’Antsiranana soit au stade Mitabe, à Antanamitarana, ou à la SCAMA.
La présence d’organisation encadrant la lutte, a développé un règlement plus strict. En effet, une partie de moraingy est maintenant constituée de trois rounds de 30 secondes chacun. Dès qu’un lutteur est KO, la partie est terminée.
Les combats se font sur contrat, généralement en un aprèsmidi, où l’on peut assister à plusieurs combats. Il faut savoir que les fagnorolahy ne sont pas des professionnels et n’ont pas de maître pour les former comme dans les autres sports de combat. « C’est mon père qui m’a enseigné le Moraingy », nous confie Tatainy, l’une des plus célèbres lutteuses de Diego, « j’ai commencé dès l’âge de 4 ou 5 ans et me suis arrêtée il y a trois ans ». Cette celèbre lutteuse (près de 20 pc des lutteurs sont des femmes) considère son art comme un don. Mais ce don a une véritable rentabilité économique, puisqu’elle touchait entre 50 000 et 300 000 Ariary par combat, un montant qu’elle devait ensuite partager avec les organisateurs.
Parmi les sports pratiqués dans la ville, le Moraingy est donc le sport qui rapporte le plus d’argent, en un temps record. Ce n’est donc pas pour ‘rien’ qu’il continue à être pratiqué, outre son ancrage traditionnel. Depuis quelques années, les femmes sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à le pratiquer, de même que….les nains dont l’étonnant combat à hauteur de la taille a l’art de réjouir les spectateurs...
Parmi les lutteurs les plus en vue cette année, citons Alexis, Dômy, Remisy, Noël Black, Sambiravo, Viky …Parions qu’ils sauront amuser, détendre, mais aussi prouver leurs qualités aux filles qui les regardent avec une ardeur non dissimulée et n’hésitent pas à montrer et.. danser leur admiration devant l’habilité de l’un ou la force du coup droit de l’autre…
Maholy

 

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