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Catégorie : Société
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Taxi-motos : Diego Suarez à la merci des « fous du guidon »
Taxi-motos : Diego Suarez à la merci des « fous du guidon »

Quand vitesse et économie se rejoignent, peu résistent à la facilité du geste rituel de lever le pouce pour héler un taxi, qui, pour des raisons purement économiques et rarement pour le confort et la sécurité, sera bien souvent un « taxi-moto »

Bien sûr, avec le prix très concurrentiel de 500 Ariary, c'est acquis d'avance pour les usagers pressés. Alors que la cascade commence… en effet il s'agit bien de cela : d'une cascade presque hollywoodienne qui va de l'excès de vitesse pure, aux slaloms entre les nids de poules qui couvrent les rues de Diégo, ou des arrêts précédés de queues de poissons vertigineuses... Toutes les formes d'effractions au code de la route peuvent être constatées chez la plupart de ces « Chauffards ». Khat en main, joues gonflées et entre deux gorgées d'eau glacée prises sans même s'arrêter, le petit bolide jaune, surestimé par son conducteur qui se surestime lui-même, roule à tombeau ouvert à côté d'un autre véhicule, tout cela pour gagner quelques mètres d'avance et ainsi, embarquer le prochain passager dans un espace déjà surchargé : quatre à l'arrière et un à côté du conducteur. Pas de point d'arrêt conventionnel ni d'itinéraires règlementaires, ces petits monstres jaunes, avec dans leur ventre, des sursitaires à 500 balles retenant leur souffle… Oui, bien sûr ils ont peur et se jurent pour la énième fois que c'est la dernière fois qu'ils prennent un taxi moto, mais une fois de plus, ce sera une résolution impossible à respecter… Dans la ville de Diego Suarez, dès qu'un accident de la circulation se produit, il est rare de ne pas constater l'implication de l'un de ces tricycles, si ce n'est même parfois les deux véhicules… Passagers éjectés en plein virage ou piéton fauchés… Bicyclettes écrabouillés ou étalages de commerce détruits… Panne sèche au milieu de nulle part juste parce que « monsieur », dans la ferme intention de tourner en bourrique les forces de l'ordre qui font factions sur les axes stratégiques, décide de bifurquer dans une ruelle qui le mènera incognito à destination, sans se faire arrêter en passant, et en servant parfois aux passagers, l'excuse de « je prends un raccourci » à moins que ces « as du guidon » avouent , sans autre forme de procès qu'ils prennent ces ruelles pour échapper aux policiers… Et nous bien sur, pauvres consommateurs, prisonniers de nos 500 Ariary, effectuons peut être notre dernier voyage… Le risque encouru par la population consommatrice, quant au fait de subir un accident est relativement important, face à ces conducteurs de compétence plus que douteuse et à la conscience professionnelle quasi inexistante. A se demander comment ils ont obtenu leur permis de conduire et d'exercer. Voire même, ont ils un permis de conduire ?

Une bicyclette encastrée sous un taxi-moto
Une bicyclette encastrée sous un taxi-moto.
Plus de peur que de mal pour cette fois, mais jusqu'à quand ?


Bien sur, les rares passagers qui osent protester ont souvent droit au « descendez du véhicule si vous n'êtes pas contents… ». Mais bien sur que lui, conducteur ne va pas s'arrêter pour laisser à son interlocuteur, justement le temps de descendre. Certains conducteurs de taxi moto impliqués dans des accidents ont aussi comme réflexe de proférer des intimidations, en se servant du patronyme de leur puissant « patron » dans la ville, car sachez que bon nombre de ces conducteurs de Tuk Tuk travaillent sous contrat pour le compte de quelques propriétaires qui possèdent une petite flottille de monstres jaunes. 
Alors que ces heureux propriétaires encaissent les « versements » dont les montants 30% supérieurs à ceux des taxis normaux sont probablement la raison première de toutes ces cascades trompe la mort, les usagers sont pris en otage au quotidien, et chaque arrivée à destination constitue une victoire en soi… Alors, qui sont les responsables ? Les propriétaires qui embauchent le premier venu, les conducteurs qui n'ont aucune conscience de ce qu'ils font, ou les forces de l'ordre qui n'arrivent pas à faire respecter les consignes ou encore et surtout, nous, passagers victimes de nos 500 ariary ?
■ Luis .K

Taxi-moto de Diego Suarez Tuk tuk, bajaj, pok pok, taxi-moto… sont autant de dénominations qui désignent les tricycles jaunes d'Antsiranana et maintenant de nombreuses villes de Madagascar telles que Sambava, Ambilobe, Antsirabe ou Mahajanga.
Ces tricycles, taxis bon marché originaires de Thaïlande, sillonnent la plupart des villes du pays et les zones touristiques du sud. Version motorisée du rickshaw indien, le tuk-tuk existe sous ce nom dans plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, comme le Cambodge, le Laos ou le Viêt Nam. On en trouve également en Inde, au Sri Lanka, au Kenya, au Guatemala, au Pérou, en Égypte, en Algérie et même au Royaume-Uni.
Ils sont de plus en plus nombreux à circuler dans la ville de Diego Suarez. Depuis leur entrée sur le transport urbain, la concurrence est de plus en plus rude à tel point que nombreux taxis-voitures légères ont décidé de d'abaisser le prix de leur course à 500 Ariary et de limiter le trajet au centre ville.
Mais ce n'est pas seulement en raison du prix de la course que la clientèle choisit les tuk tuk. Les femmes au foyer qui reviennent du marché trouvent plus facile d'entrer et sortir d'un tuk tuk avec les courses, les clients les plus pressés et ceux qui font de petits déplacements (parfois même de 200m) y trouvent aussi satisfaction… Pour les propriétaires, la maintenance se fait généralement tous les quinze jours et se résume en une vidange et un dégraissage, la panne la plus fréquente étant la coupure du câble de vitesse. Un tuk tuk qui ne présente pas de problèmes mécaniques consomme en moyenne 8 litres de carburant pour 14 heures de circulation. Malgré le peu de sécurité offert aux passagers, un avantage certain se situe au niveau environnemental puisque le taxi-moto est le moins polluant des véhicules utilisés en transport urbain.