Des conducteurs imprudents ignorant totalement le code de la route, des véhicules à problèmes mécaniques récurrents tels sont les dangers auxquels sont exposés quotidiennement piétons et passagers à Antsiranana.
Du 1er au 7 mai, quatre accidents ont conduit à l'hospitalisation d'une vingtaine de victimes. Des blessures graves, des infirmités permanentes, décès telles sont les conséquences de l'inconscience de certains conducteurs qui font des accidents une banalité quotidienne.
Le 1er mai, des employés de Jumbo Score, de retour d'une excursion collective à Ramena, sont victimes d'un accident tragique. A Betahitry, du côté de la montagne des Français, un des véhicules les transportant s'est renversé faisant ainsi des blessés dont deux caissières sont les plus sérieusement touchées. Fort heureusement, à l'heure actuelle, leurs jours ne sont plus en danger. Un problème mécanique serait à l'origine de l'accident.
L'accident du 4 mai à la SCAMA a été plus grave, un taxi moto roulait sur la RN6 devant un camion TRM 4000 (appelé communément « kosovo » à Diego Suarez), lorsque le premier s'est soudain arrêté et ce sans gagner le bord de route. A cet instant fatidique, un taxi-brousse de marque Peugeot 404 transportant 14 personnes d'Anivorano roulait vers la ville. Le camion pour éviter le taxi moto a essayé de le dépasser, mais le conducteur n'a pas réussi à tourner assez vite le volant et n'a pas pu non plus freiner. La collision avec le taxi brousse était inévitable même si le chauffeur a réussi à déporter la 404 un peu plus vers sa droite. Le choc a atteint le flanc gauche du véhicule et a littéralement écrasé la partie occupée par le chauffeur, blessant gravement celui-ci à la tête. Il a été tout de suite évacué à l'hôpital « manara-penitra » où il est jusqu'à maintenant soigné. L'homme assis juste derrière le conducteur a eu moins de chance, gravement blessé à la hanche, il a subi une opération et a rendu l'âme à la salle de réanimation. D'après Aly Sébastien, le chauffeur, un autre passager est tombé violemment de la 404 sous la violence du choc. Il a souffert de blessures au dos et à la tête et après avoir reçu les soins nécessaires, lui et les dix autres blessés ont pu gagner leurs foyers.
En début de la semaine du 6 mai, une écolière a été renversée par un taxi moto dans le quartier de Tanambao nord et a dû elle aussi être hospitalisée.
Le 7 mai, l'accident d'un minibus venant d'Ankify du côté de « la mer rouge » (Daraina) a conduit à l'admission à l'hôpital de 12 blessés.
Tels sont les accidents dont nous avons eu connaissance mais nous savons aussi que bien d'autres cas n'ont pas été signalés et ont fait l'objet de simples arrangements entre chauffards et victimes ou pire, de délits de fuite.
Code de la route, panneaux de signalisation…
S'y ajoute l'absence de panneaux de signalisation à de nombreux endroits de la ville. Certains sont brisés et n'ont jamais été relevés, d'autres arrachés, d'autre encore orientés vers le ciel ou vers la porte d'un magasin ou d'un particulier, suite à des chocs violents ou à des actes de vandalisme. Pendant les examens de conduite, ce qu'ont appris les apprentis et ce qu'ils constatent sur le terrain est malheureusement loin d'être identique. Les usagers n'arrivent désormais à s'orienter plus ou moins correctement dans Diego Suarez que par la seule habitude et la connaissance des rues de la ville. Ce qui entraîne une circulation urbaine à la limite de l'anarchie et du laisser aller, malgré les efforts que déploient les agents de la circulation pour maintenir un semblant d'ordre. Les piétons non plus ne sont pas en reste d'incivilités, et ce parfois malgré eux car en absence totale de marquages au sol, on traverse où on peut, comme on peut, en courant ou avec nonchalance, bras ballant ou surchargé de divers paniers... Les quelques passages cloutés ou barres qui existent encore à Diego Suarez sont très peu respectés ou ne le sont pas du tout (faute d'habitude ?), et chaque petit groupe de piétons improvise parfois sa propre police de la circulation en faisant des signes plus ou moins impératifs à des conducteurs qui n'en tiennent pas toujours compte, ce qui a comme résultat des traversées au pas de course saluées par des coups de klaxons rageurs et des accidents évités de justesse… Observez quelques minutes la circulation sur la place Ritz et vous comprendrez tout de suite de quoi il s'agit. Des obstacles inattendus viennent parfois encore corser l'affaire : dans certaines rues de la ville, les bacs à ordures sont placés à l'entrée d'un virage à sens unique, au risque de recevoir en plein fouet des conducteurs ou des motards un peu évasifs… La chaussée de certaines rues est tellement dégradée que même les taxis ont de la réticence d'y effectuer leur course, ce qui n'arrange pas les habitants de ces secteurs. Mais le grand danger est celui constitué par l'absence quasi systématique de plaque de fermeture des bouches d'égout et autres regards d'entretien. Ces trous sont heureusement parfois signalés par une crête de branches mortes ou de feuillages.
Révision du code de la route
Pour revenir à cette imprudence ayant coûté la vie à une personne à la SCAMA, l'accident n'était pas inévitable. Il aurait simplement fallu que le conducteur du taxi moto respecte le code de la route et cet homme n'aurait pas perdu la vie. Plus grave encore, pendant que les gens étaient affairés autour des blessés, le conducteur du taxi moto en a profité pour s'éclipser. Beaucoup estiment que l'on tolère trop les comportements et l'incivisme de certains conducteurs de Diego Suarez : surcharge, violation de la vitesse autorisée et des priorités, la non-régularisation des papiers etc.
Pour réduire voire éliminer les risques d'accidents liés au transport routier et afin de développer la culture du zéro accident, une révision du code de la route doit être effectuée prochainement. La dernière mise à jour du code de la route malgache date en effet de 1970 alors que le parc automobile a connu une énorme croissance ces dernières années. « Lors de l'élaboration de ce Code en 1970, la situation était plus simple. Aujourd'hui, il y a les nouvelles technologies à prendre en compte. L'ancien Code ne prévoit pas, par exemple, l'interdiction de téléphoner au volant. Il y a également les nouveaux véhicules comme les cyclomoteurs qui doivent être considérés », a expliqué le Directeur Général du Transport. Le nouveau code de la route devrait être opérationnel vers le troisième trimestre de cette année. Un atelier s'est tenu dans la Capitale au mois d'avril avec les divers acteurs concernés et qui appuient cette réflexion sur une révision. Il s'agit entre autres du ministère du Transport, du ministère des Travaux publics, de l'Intérieur, la Police nationale, la société Lafarge, le comité des entreprises d'assurances à Madagascar.
En cette semaine du 13 mai, Madagascar célèbre la semaine mondiale de la sécurité routière. Le rapport de situation sur la sécurité routière dans le monde en 2013 fait état d'environ 1,24 million de morts et entre 20 et 50 millions de blessés dans le monde à cause d'accidents de la circulation. 59% des décès sur la route touchent les jeunes de 15 à 44 ans.
■ V.M et Luis.K