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« Même si pratiquer un sport en situation de handicap est très difficile, nous ne baissons pas les bras, nous essayons toujours de nous surpasser »
« Même si pratiquer un sport en situation de handicap est très difficile, nous ne baissons pas les bras, nous essayons toujours de nous surpasser »

« Nous sommes capables de faire ce que les autres font puisque nous avons les mêmes droits ! » affirme Dovique Spérien, le président de l’Association des Jeunes Handicapés d’Antsiranana (AJA), qui oppose son courage à l’indifférence ou au rejet dont lui et ses co-équipiers font encore trop souvent l’objet

La Tribune de Diego (LTdD) : Comment êtes-vous venu à faire du sport alors que vous êtes en situation de handicap ?
Dovique Spérien :
Nous avons les mêmes droits que les autres personnes « normales ». Nous voulons jouir de ces droits. C’est pour faire valoir ces droits, mais également pour prouver aux autres que nous sommes capables de pratiquer des sports malgré notre état, qui n’est pas un obstacle, d’ailleurs.

LTdD : En parlant d’obstacle, quelles sont les difficultés que rencontre le handisport à Diego Suarez ?
Dovique Spérien :
Le plus grand obstacle pour nous est d’ordre matériel. Nos équipements sont vieux et ne sont plus performants. Personne ne nous en a fait don, alors nous nous débrouillons avec ce que nous avons. Nous fabriquons nous-mêmes les équipements que nous utilisons pour participer aux différentes compétitions. Et cela avec l’aide d’une personne qui nous soutient dans cette fabrication. Nous allons sur internet pour voir le modèle de fauteuil que nous voulons et nous le fabriquons ensuite dans un atelier ici même. Nous ne sommes pas découragés face à cette situation. Nous essayons toujours de trouver les moyens de mener loin le handisport dans la région. Et c’est pour cela que nous avons choisi de fabriquer nous-mêmes nos fauteuils. Acheter un fauteuil neuf est hors budget pour nous puisque cela coûte 3 000 euros l’unité. Mais je lance un appel à tous ceux qui pourraient nous aider pour cette fabrication de fauteuils. Nous n’exigeons pas des fauteuils tout neufs, mais si une personne bienveillante voulait nous aider dans la création d’ateliers de fabrication de fauteuils, nous lui en serions reconnaissants. Nous avons l’imagination, nous avons l’énergie et nous avons la motivation pour ce qui est de la fabrication de nos équipements. Ce qui nous manque, c’est un renforcement de compétences et un atelier adapté pour travailler.

LTdD : Quelles sont les réactions des gens quand ils vous voient vous entraîner ou participer à des compétitions ?
Dovique Spérien :
Quand nous nous entraînons en vue de participer à des marathons ou des courses, les gens qui nous voient nous disent souvent : « Mais qu’est-ce qu’ils font ? Ils ne devraient plus se forcer à faire du sport vu leur situation de handicap ! » sur un ton surpris, voire de reproche ou d’indignation. Comme si nous ne devions plus faire du sport en raison notre état physique. Ils ne nous soutiennent pas dans nos efforts. Et ils ont tort. Nous sommes capables de faire du sport. Nous avons une ligue et une fédération pour le handisport, cela prouve que nous en sommes capables et que le sport nous permet de franchir la barrière de discrimination que les gens « normaux » nous imposent. Nous pratiquons des sports pour notre joie de vivre, pour notre satisfaction personnelle. Vous savez, quand vous êtes une personne en situation de handicap, vous devez vous munir d’un courage et d’un moral à toute épreuve, beaucoup plus que les autres personnes. Même si pratiquer un sport en situation de handicap est très difficile, nous ne baissons pas les bras, nous essayons toujours de nous surpasser. Et je demande, à ces gens qui disent que nous ne sommes pas capables ou que le sport n’est pas fait pour les personnes en situation de handicap qu’au lieu de dire cela, ils devraient nous encourager et nous donner du moral pour que nous puissions toujours aller de l’avant.

LTdD : Où en est la situation de la ligue de handisport de DIANA en ce moment ?
Dovique Spérien :
Nous avons deux clubs de handisport dans la région : le club AMA (Association des Amis du terrain de sport Antsiranana) créé en octobre 2015 et l’AJA (Association des Jeunes handicapés d’Antsiranana) créée en janvier 2016. La création de ces deux clubs a permis la mise en place de la ligue de handisport dans la région au mois de juillet de cette année. La ligue de handisport DIANA est la plus jeune de Madagascar. Nous avons participé à plusieurs compétitions et nous avons eu un classement plutôt encourageant en général. Depuis la création des clubs, nous participons régulièrement aux compétitions locales, régionales et nationales. Durant la semaine du 10 octobre, nous allons participer au Marathon International d’Antananarivo. Qui sait, nous pourrions remporter une excellente place au classement. Et pourquoi pas décrocher le titre de champion de Madagascar, de l’Océan Indien voir même mondial en 2018. Pour y arriver, nous sollicitons l’aide de nos « olo-be », frères, sœurs, puisque nous voulons contribuer au développement de la région DIANA par le handisport. Nous faisons beaucoup d’effort pour y arriver. Mais nous avons encore besoin d’aide.
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N°182
Semaines du 12 au 25 avril 2017
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