Des bombes d’un poids environnant les 80 kg pour les plus grosses charges et des balles de fusils dont les dates de péremption ont été dépassées ont été détruites à Antsiranana
Des spécialistes, des démineurs des forces armées de la zone Sud de l’Océan Indien et d’Antananarivo sont venus à Antsiranana pour réaliser cette opération entre le 23 juillet et le 27 août 2018 dans une zone, à environ 21 kilomètres de la ville d’Antsiranana et à 1,5 kilomètres du village de Ramena.
Lors de la première semaine de cette opération, cinq militaires dont trois spécialistes démineurs et deux infirmiers des Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien, FAZSOI, de la Réunion ont accompagné les militaires malagasy. Du côté malagasy, dix militaires spécialistes d’engins explosifs d’Antsiranana et d’Antananarivo effectuaient les opérations. Des médecins et des infirmiers militaires étaient également présents tout comme les officiers et des sous-officiers du 2ème Régiment des Forces d’Intervention d’Antsiranana, de la Base Navale et de la Région Militaire numéro 7. A cette occasion, les militaires ont reçu une formation théorique et pratique sur le terrain concernant la manipulation et la destruction proprement dite de munitions obsolètes. D’après les explications du colonel Rangasiarison Eric, premier officier-adjoint au directeur des matériels techniques de l’armée Malagasy installé à Antananarivo, les militaires n’arrêteront les opérations que lorsque le travail de destruction prévu pour cette année sera accompli. L’opération aura duré six semaines cette fois, si en 2012, elle était assez limitée. « Après tout, ajoute-t-il, tout dépend des moyens mis en œuvre, c’est-à-dire des matériaux et de la disponibilité des spécialistes. » Le colonel Rangasiarison Eric souligne que ces bombes pour avion MIG 21 et autres missiles non utilisés datent de la coopération soviétique avec Madagascar (il y a 25 ans). Les matériels ont dépassé leur date d’expiration. « Il faut les détruire pour qu’ils ne représentent pas un danger pour la société ». Toujours d’après ce responsable, ce n’est pas la quantité de bombes détruites par jour qui importe, mais plutôt le poids total de la charge. Il n’a pas donné de détails concernant ce poids. Depuis la ville de Diego Suarez et surtout aux alentours du village de Ramena, trois à cinq explosions par jour se font entendre.
La population, inquiète
Selon les responsables, le choix de l’endroit où les explosions ont été réalisées a tenu compte de la sécurisation de la population. Afin de sensibiliser les citoyens, une semaine avant les destructions, des annonces ont été réalisées à la télévision et à la radio. Des mesures pratiques ont été largement diffusées pour mettre en garde les gens, telles que : fermer les portes pendant l’explosion pour que les poussières et dégâts n’entrent pas, garder ouverte les portières des voitures pour éviter que les vitres ne se cassent. Cela n’a pas empêché les habitants de Ramena et de ses environs de s’inquiéter. L’odeur qui résulte des détonations, les secousses, le bruit intense des explosions ont conduit certains villageois à s’enfermer dans leurs domiciles. « Je me suis enfermée dans ma chambre avec ma fille parce que je ne suis pas sûre que l’odeur forte qui provient des explosions soit sans conséquence sur la santé. Les secousses de ces explosions sont tellement fortes qu’il faut vraiment faire attention pour ne pas tomber » soutient Sofia, une habitante du village de Ramena. Pendant plus d’un mois, les habitants de Ramena ont eu droit au calme les week-ends lorsque les spécialistes, eux aussi se reposaient.
■ C. Angeline